Deux ans après son lancement, le dispositif de soutien aux promoteurs-chômeurs de la tranche 35-50 ans est à l'heure des bilans. "La machine est rôdée !", lance-t-on avec satisfaction auprès de la Caisse nationale d'assurance-chômage (CNAC), organisme initiateur du projet. Pour étayer ses propos, la CNAC s'appuie sur des statistiques arrêtées le 25 janvier 2006. “1799 entreprises sont enregistrées à ce jour, générant la création de 4964 emplois nouveaux, soit un taux de 2,8 emplois par activité créée”, pouvait-on lire dans un document affiché dans l'enceinte du 1er Salon des promoteurs en activité, qui a eu lieu à la Safex du 1er au 5 février 2006. Réunissant une centaine d'entrepreneurs issus du dispositif, le salon a servi ainsi de cadre idoine pour mettre en valeur plusieurs secteurs d'activité investis par les anciens “chômeurs”. De l'agro-alimentaire à l'artisanat en passant par l'habillement et la petite industrie ou encore la construction navale (petits métiers). “Nous ne refusons aucun projet, sauf la revente en l'état, c'est-à-dire une épicerie, un magasin de fruits et légumes, etc.”, souligne un cadre de la caisse rencontré sur les lieux. Ces exposants quadragénaires qui ne cachent pas leur statut de “nouveaux venus” dans les affaires, ont tout l'air d'obéir au cahier des charges : créer de la richesse en produisant “local” tout en faisant l'effort de créer un maximum d'emplois. “Certes, il s'agit d'entrepreneurs qui évoluent selon les lois de l'économie de marché, et de ce fait il n'ont pas à subir d'injonctions en matière de recrutement. Ceci dit, nous accordons une importance capitale à ce volet sachant que la majorité des activités à tendance à recourir à des membres de la famille. Il faut savoir que faire travailler un frère, une soeur, un neveu et même un conjoint, c'est contribuer à lutter contre le chômage”, fait-on remarquer à la CNAC. Créée il y a une année à Médéa par une femme au foyer, l'entreprise Ennahla ne fait pas exception. Si la composante de son personnel est en dehors du giron familial, il n'en demeure pas moins que cette micro-entreprise spécialisée dans le conditionnement a le mérite de créer 4 emplois permanents. “Lorsque le volume de travail augmente, nous procédons systématiquement à des embauches dans le milieu des jeunes. C'est vrai qu'il s'agit d'emplois saisonniers, mais cela atténue un tant soit peu la précarité”, nous confie la promotrice, juriste de formation. Des femmes chefs d'entreprise Ennahla est versée dans le conditionnement (petits pots) du miel naturel et de différentes sortes de confitures. Depuis peu, elle propose également des coupelles (petites barquettes) de beurre qu'elle fait livrer au commerce de détail et à certaines collectivités. Opérationnelle depuis une année, Ennahla pèse aujourd'hui 6 millions de DA dont les 4/5 représentent le coût de la thermo-scelleuse. Tout repose sur cette machine qui permet de fabriquer les petites barquettes. Le conditionnement des pots nécessite quant à lui un matériel de moindre coût. Ambitieuse, Mme la “PDG” parle déjà d'extension même si elle doit se battre pour placer d'abord son produit au chef-lieu de la wilaya de Médéa. “Pour le moyen terme, nous ciblons les wilayas qui gravitent autour d'Alger. Nous pensons y parvenir dans la mesure où nous proposons des produits de qualité. Le miel que nous collectons auprès des apiculteurs connus dans la région est aujourd'hui écoulé hors des frontières de la wilaya. C'est un grand pas pour Ennahla”, dit-elle. Autre dame à recourir au dispositif “35-50 ans”, Mme Fatiha Aoun se dit “enfin libérée” du diktat qu'elle a dû subir pendant longtemps de la part de son ancien employeur. Depuis quelques mois, elle est à la tête d'une entreprise de céramique dénommée El Djazaïria. “Il a fallu une année entre le dépôt du dossier (à la CNAC) et le démarrage effectif de mon entreprise. Mais ne croyez surtout pas que je suis à la tête d'une fortune car le plus dur reste à faire”, atteste cette femme de Bordj El Kiffan dont l'investissement frôle les 500 millions de centimes. “Je dois aujourd'hui me battre pour placer mon produit sur le marché. La concurrence est rude car il faut savoir que notre corporation existe des “géants” qui n'hésitent pas à vous choper la moindre petite commande avant même que vous ne l'ayez finalisée”, ajoute-t-elle, daignant toutefois nous faire une confidence : “Les Canadiens m'ont contacté. En principe il y a une commande en perspective.” Ceci dit, il convient de noter enfin que la centaine de promoteurs qui a répondu à l'appel de la CNAC pour participer au salon fait partie de toute évidence de ceux qui ont réussi à obtenir le quitus bancaire. Les autres, par milliers, n'ont pas eu cette chance, les banques demeurant réticentes, malgré les assurances que ne cesse d'exprimer le Fonds de caution mutuelle de garantie (FCMG).