Le massacre d'au moins 108 personnes, dont 49 enfants et 34 femmes, vendredi et samedi derniers à Houla, a provoqué un tollé au sein de la communauté internationale qui craint maintenant le pire pour la Syrie. Malgré les intenses efforts déployés par la communauté internationale et devant le refus du régime de Bachar Al Assad et de l'opposition de faire taire leurs armes, la Syrie risque aujourd'hui de basculer dans une guerre civile totale. Cette nouvelle alerte a été donnée, hier, par la haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, lors d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur la Syrie. Navi Pillay a dit craindre un «conflit total» dans ce pays et a jugé que le massacre de Houla «pourrait constituer un crime contre l'humanité». Dans son discours d'ouverture, lu par Mme Marcia Kran, la haut-commissaire, en voyage hors de Genève, a exhorté «la communauté internationale à appuyer de tout son poids le plan en six points de l'émissaire spécial (Kofi Annan) et à demander que soient menées immédiatement des enquêtes sur les événements de Houla, ainsi que sur d'autres violations des droits de l'homme en Syrie». Car, sinon, a-t-elle prévenu, «la situation en Syrie risque de dégénérer en un conflit total et l'avenir de ce pays et de la région dans son ensemble pourrait être alors en grave danger». Outre l'ONU, plusieurs pays – dont la Chine et le Venezuela – ont indiqué craindre une «guerre civile» en Syrie. Le massacre d'au moins 108 personnes, dont 49 enfants et 34 femmes, vendredi et samedi derniers à Houla, a provoqué un véritable tollé au sein de la communauté internationale qui craint maintenant le pire pour la Syrie. Les inquiétudes de Mme Pillay sont amplement partagées par le chef de la diplomatie britannique, William Hague. Celui-ci a prévenu, en effet, à Istanbul, où il a eu hier des entretiens avec l'opposition syrienne et le secrétaire général de l'ONU, que «la Syrie est au bord d'une guerre civile totale». «Le secrétaire général et moi-même et aussi l'opposition en Syrie pensons que la Syrie est au bord d'une situation catastrophique (...), au bord d'une guerre civile totale et de l'effondrement de la Syrie en affrontements confessionnels», a déclaré M. Hague à un groupe de journalistes. La Ligue arabe prend ses distances vis-à-vis du Qatar M. Hague, qui participait à Istanbul avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à une conférence sur la Somalie, a appelé à notamment renforcer les sanctions et les pressions contre Damas, estimant qu'il n'était «pas trop tard» pour que le régime du président Bachar Al Assad applique le plan de paix de Kofi Annan. A la question de savoir si son pays était prêt à attaquer la Syrie dans le cas où l'impasse politique se préciserait, M. Hague a souligné que le Royaume-Uni «n'envisage pas pour l'instant une action hors (du cadre) de l'ONU». «S'il (le plan Annan) échoue lors des prochaines semaines, nous devrons retourner au Conseil de sécurité de l'ONU», a-t-il indiqué. Le président russe, Vladimir Poutine, en visite, hier, à Berlin, et la chancelière Angela Merkel se sont eux aussi dits opposés à une action militaire. «Nous avons tous les deux exprimé notre conviction qu'il fallait trouver une solution politique» à la crise en Syrie, a déclaré la chancelière, estimant que le plan Annan «peut être un point de départ». «Il faut tout faire au Conseil de sécurité de l'ONU pour que ce plan soit mis en œuvre», a-t-elle insisté. Le président russe a ainsi estimé que l'on ne pouvait «rien faire par la force» dans le cadre de cette crise alors que le président français, François Hollande, avait déclaré, mardi, qu'une intervention armée sous mandat de l'ONU en Syrie n'était pas exclue. M. Poutine a affirmé croire «possible» de trouver une solution politique en Syrie. «De nombreux acteurs sont impliqués dans ce conflit, avec des intérêts multiples. Il faut trouver une convergence entre ces intérêts et mettre tout le monde autour d'une table de négociation, c'est dans cette direction que nous allons travailler», a déclaré M. Poutine. Tout comme la Grande-Bretagne, la Russie et l'Allemagne, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi, a lui aussi exclu une intervention militaire en Syrie pour mettre fin à la vague de violences. «Actuellement, il n'y a aucune intention d'intervenir militairement» en Syrie, a déclaré M. Al Arabi au quotidien saoudien Asharq Al Awsat. Par cette déclaration, M. Al Arabi fait prendre des distances à la Ligue arabe vis-à-vis du Qatar et de l'Arabie Saoudite, deux pays qui militent en faveur de l'usage de la force. Lors de contacts avec «les ambassadeurs de plusieurs pays occidentaux», dont les Etats-Unis, «la réponse a été unanime : les pays en mesure de mener une action militaire refusent cette option». Il a ajouté que la fourniture d'armes à l'opposition syrienne, proposée un temps par le Qatar et l'Arabie Saoudite, ne changerait rien à la situation. «L'opposition, quel que soit son armement, ne remportera pas la guerre contre le régime» du président Bachar Al Assad, a estimé le chef de la Ligue arabe. «Elle est minée par plusieurs différends et l'équilibre des forces n'est pas en sa faveur.» Sur le terrain, la mobilisation contre le régime ne faiblit pas, malgré la répression aveugle. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les forces gouvernementales ont ouvert le feu hier, notamment près de Damas, pour disperser des manifestants mobilisés après le massacre qui a fait, le 25 mai, 108 morts, dont 49 enfants à Houla, alors que les violences ont fait 13 nouvelles victimes.