Les craintes d'une "guerre civile totale" en Syrie se sont multipliées dans le monde notamment après la tuerie survenue le week-end dernier à Houla (centre de la Syrie), et les appels à soutenir le plan de Kofi Annan se sont succédé pour une sortie de crise pacifique dans ce pays. A l'ONU, la Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a indiqué vendredi lors d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme onusien sur la Syrie, craindre un "conflit total" dans ce pays. Elle a appelé, de ce fait, la communauté internationale à "appuyer de tout son poids le plan en six points de l'émissaire spécial" Kofi Annan qui prévoit notamment l'arrêt des violences. Pour sa part, l'ambassadeur de Syrie auprès de l'ONU, Faysal Khabbaz Hamoui, a accusé des "groupes terroristes" d'avoir tué les civils à Houla prés de Homs. Lors de sa session spéciale sur la Syrie (la 4e depuis le début de la crise en mars 2011), le Conseil des droits de l'homme débat d'une demande, formulée par le Qatar, les Etats-Unis et la Turquie, que la commission d'enquête internationale sur la Syrie, qui agit sous mandat du Conseil depuis août 2011, mène une "enquête spéciale exhaustive, indépendante et sans entrave" sur le "massacre" de Houla. Selon les résultats préliminaires de l'enquête menée par les autorités syriennes, publiés jeudi, des "groupes armés" sont derrière les violences survenues le 25 mai à Houla, qui ont fait au moins 108 morts dont de nombreux enfants. Outre, l'ONU plusieurs pays ont indiqué craindre une "guerre civile" en Syrie. Pour le chef de la diplomatie britannique William Hague, la Syrie est "au bord d'une guerre civile totale" et doit appliquer le plan Annan. "La Syrie est au bord d'une situation catastrophique (...), au bord d'une guerre civile totale et de l'effondrement de la Syrie en affrontements confessionnels", a prévenu M. Hague après des entretiens à Istanbul avec l'opposition syrienne et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. M. Hague, qui participait à Istanbul avec Ban ki-moon à une conférence sur la Somalie, a appelé à renforcer les sanctions et les pressions contre Damas, estimant qu'il n'était "pas trop tard" pour que le gouvernement du président Bachar al-Assad applique le plan Annan. De son côté, le président russe Vladimir Poutine dont le pays est un allié indefctible de Damas, a jugé que l'on voyait apparaître des signes "précurseurs" de "guerre civile" dans le pays. "C'est extrêmement dangereux", a-t-il souligné. S'exprimant à Berlin lors d'une conférence de presse commune avec la chancelière allemande Angela Merkel, M. Poutine a affirmé croire "possible" de trouver une solution politique en Syrie. "Cela demande un certain professionnalisme et de la patience", a-t-il jugé. Aux yeux de M. Poutine, "de nombreux acteurs sont impliqués dans le conflit syrien avec des intérêts multiples. Il faut trouver une convergence entre ces intérêts et mettre tout le monde autour d'une table de négociation". Mme Merkel a quant à elle qualifié d" épouvantable" la situation en Syrie : "Personne n'a intérêt à une guerre civile", a-t-elle dit, ajoutant que "chacun doit essayer d'apporter sa contribution". Après Berlin, M. Poutine se rend dans la foulée en France pour rencontrer pour la première fois le président François Hollande avec qui il discutera notamment de la crise syrienne. M. Hollande avait déclaré mardi qu'une "intervention armée sous mandat de l'ONU" en Syrie n'était pas exclue. L'option militaire a été toutefois écartée par le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Nabil al-Arabi. Dans un entretien publié vendredi par un journal, ce dernier a affirmé qu'"il n'y a aucune intention d'intervenir militairement" en Syrie. Lors de contacts avec "les ambassadeurs de plusieurs pays occidentaux", dont les Etats-Unis, "la réponse a été unanime : les pays en mesure de mener une action militaire refusent cette option", à laquelle "s'opposera par ailleurs la Russie et probablement la Chine", a-t-il dit. Par ailleurs, une réunion ministérielle arabe sur la Syrie, prévue samedi à Doha (Qatar) en présence de l'émissaire international Kofi Annan, doit "examiner plusieurs idées nouvelles", selon M. al-Arabi. Les violences en Syrie se poursuivent sans répit sous l'oeil des observateurs de l'ONU qui n'arrivent toujours pas à faire respecter le cessez-le-feu, entré en vigueur le 12 avril. Selon les estimations de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), plus de 13.400 personnes sont mortes dans les troubles en Syrie depuis le début mi-mars 2011 de la révolte contre le pouvoir en place. Face à cette escalade, le médiateur Kofi Annan s'est dit vendredi "frustré" estimant que cette situation "ne peut pas durer éternellement". "Des mesures courageuses sont nécessaires de la part du président (syrien Bachar) al-Assad (...) pour donner un réel élan à la mise en oeuvre du plan" de sortie de crise", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse à Beyrouth.