Djelani Maâchi est installé en France depuis plus de quatre décennies. L'équipe de France 3 vient tout juste de terminer le tournage d'un documentaire de 52 mn retraçant le parcours de ce coiffeur lunaire hors pair. Il montrera son savoir-faire durant le Salon Eve 2006, qui se déroulera la semaine prochaine à Alger. Dans cet entretien, l'artiste parle de sa passion pour la coiffure et dévoile ses projets. Une frange de la société algérienne vous connaît à travers les coupes que vous réalisez en phase lunaire. Etes-vous le pionnier de cette invention ? Je suis effectivement, sans prétention aucune, le pionnier de cette invention. Je n'ai rien à montrer sur la pleine lune. C'est un vieux dicton de grands-parents qui a toujours dit que c'était bien de se couper les cheveux durant la pleine lune. A l'époque, je ne savais pas si c'était vrai. Scientifiquement, cela n'a pas été encore prouvé, donc j'en ai eu l'idée à travers ma clientèle. J'ai fait des tests en coupant les cheveux les nuits de pleine de lune et j'ai obtenu des résultats vraiment spectaculaires. Il y a beaucoup de gens qui préfèrent aller chez leur coiffeur un soir de pleine lune que d'aller en temps normal. Aujourd'hui, c'est prouvé. Les résultats sont là. Au lieu d'avoir 1 cm de repousse, on a jusqu'à 2,8 cm. En effet, je conseille à ceux qui ne veulent pas que leurs cheveux poussent vite qu'ils viennent les couper en lune descendante. Je suis un peu comme Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois. Depuis 1985, j'officie mes soirs de pleine lune. J'ai de bons résultats. Cela étant, je serais intéressé de montrer mon savoir-faire en Algérie pour peu que certains coiffeurs me sollicitent. Avant de vous orienter vers la coiffure, vous avez fait plusieurs métiers ? J'ai été viré de l'école, parce qu'en 1965, il y avait un sacré racisme vis-à-vis des Algériens en France. Au lycée, j'avais un copain qui m'insultait tout le temps. Un jour, je ne sais pas ce qui s'est passé, je l'ai frappé. J'ai été viré de l'école. Ce type, au fond, m'a rendu service. J'ai traversé plusieurs métiers. J'ai fait de la mécanique auto et de la plomberie. Je suis arrivé dans la coiffure par hasard. J'ai travaillé dans un salon chez Jacque De Closets. Cette ambiance de voir ce coiffeur travailler ainsi, ça m'a beaucoup plu. Je me suis perfectionné auprès de lui, et après j'ai volé de mes propres ailes. J'ai créé plusieurs styles en fonction des événements, comme Roland Garros et le Festival de Cannes. J'ai créé les coiffures agrémentées de fibres optiques. J'ai relooké des hommes politiques. J'ai participé à plusieurs émissions télévisuelles françaises. La coiffure, c'est comme la musique. C'est un art qui permet toutes les extravagances. Vous êtes propriétaire d'un grand salon de coiffure à Paris, n'êtes-vous pas intéressé par une franchise en Algérie ? La franchise, c'est un nom. Vous ne payez que le décor et l'architecture. Vous travaillez pour un nom, mais ce n'est pas la personne qui vous coiffe. Il faut déjà que les coiffeurs soient au niveau du créateur. Chaque coiffeur a un style. La franchise est mieux dans le prêt-à-porter. Un salon de coiffure quand il est managé par un manager, c'est lui qui doit former son propre personnel et être présent pour voir si sa technique est bien appliquée. Je connais plusieurs salons à Paris qui sont de la franchise et qui ont mis les clés sous le paillasson. C'est bien ici en Algérie d'avoir une image de marque, internationale, mais il faudrait que les coiffeurs soient du même niveau et qu'ils aient une formation de pointe. Vous revenez au Salon de la beauté avec un autre regard... Je reviens avec un nouveau regard et une certaine expérience. Dans ce métier, on évolue toujours. Ici en Algérie, c'est un peu dur de proposer des choses qu'on voit de l'autre côté de la Méditerranée. Qu'allez-vous présenter lors de ce salon ? J'ai un système que j'ai mis au point depuis très longtemps, c'est le relooking, un concept de coiffure assistée par ordinateur. Il y aura un show, initié par l'organisation mondiale des coiffeurs la haute coiffure française dans un grand hôtel de la capitale. Quel regard portez-vous sur la coiffure en Algérie ? Je sais que c'est un très bon marché avec de bons coiffeurs. Le seul problème, c'est qu'il n'y a pas de technique et de formation. Je sais que j'ai des coiffeurs qui veulent passer des stages chez moi, malheureusement la réglementation ne le permet pas. Le mieux, c'est de réaliser cela ici. Monter un salon de coiffure avec fauteuils, ce n'est pas mon objectif. C'est plutôt monter une académie internationale qui sera bénéfique aussi bien aux coiffeurs qu'aux jeunes qui veulent découvrir ce métier. Schwartzkof est intéressé pour me suivre dans ce projet. Le centre pilote sera à Alger, plus, il y aura des annexes à travers le territoire national.