La wilaya de Aïn Defla aux fortes potentialités forestières voit d'année en année son patrimoine forestier régresser sans que les pouvoirs publics mettent un terme à ce massacre perpétré par la main de l'homme depuis plus d'une décennie. Les forestiers, désarmés, font face à un véritable réseau mafieux, dont les membres agissent en toute impunité. La décennie de terreur a fini par porter le coup de grâce au potentiel forestier de la wilaya menacé aujourd'hui plus que jamais en dépit des efforts pour sauver ce qui peut l'être encore. Conditions sécuritaires défavorables, coupes illicites d'arbres, charbonnières, incendies provoqués notamment par les chercheurs de miel et les fumeurs… autant de facteurs qui participent à la dégradation de ce trésor naturel. Plusieurs fois, des citoyens et responsables ont tiré la sonnette d'alarme. En vain. Certes, les programmes de reboisement intensif initiés par la Conservation des forêts et ses partenaires attestent d'une volonté des pouvoirs publics de redresser la situation «mais le peut-on alors que tous les facteurs de la destruction sont présents ?», s'interrogent des intervenants. Pour rappel, la wilaya de Aïn Defla a perdu, durant les années marquées par l'insécurité, plus de 40 000 ha constitués de massifs forestiers, soit plus de 50% de son tissu végétal. Des conséquences lourdes à plusieurs niveaux. A titre d'illustration, citons la raréfaction des espèces animales, laquelle révèle à elle seule l'ampleur des dégâts. En outre, la population rurale et plus précisément les riverains se trouvent chaque année confrontés aux risques d'inondation en raison de l'accélération du phénomène érosif et de désertification. Les autres préjudices économiques et sociaux dus aux incendies sont inéluctablement la diminution progressive des terres agricoles, des ressources hydriques et des produits forestiers de manière générale, soutiennent les mêmes sources. Rappelons que la période la plus propice au déclenchement des feux demeure les mois de juillet et août. En 2011, les services de la Conservation des forêts ont enregistré, durant cette période, la destruction de plus de 1391 ha, en dépit des campagnes de sensibilisation contre les incendies menées conjointement avec la Protection civile ; ses services se sont dotés, ces dernières années, de moyens matériels et humains tels qu'il leur est possible aujourd'hui de mener le combat contre le feu dans des conditions relativement favorables. Pour autant certaines zones montagneuses demeurent encore inaccessibles pour des raisons sécuritaires. D'autres régions situées à l'extrême sud-ouest attendent la réalisation de projets à même d'assurer une couverture maximum en termes d'intervention et de prévention des risques divers. L'installation récente des comités composés de riverains et d'élus chargés de veiller au respect des plans de lutte contre les sinistres, en collaboration étroite avec tous les secteurs concernés, pourrait limiter un tant soit peu les dégâts et couronner ainsi les efforts consentis par les forestiers et les pompiers. Ces derniers, faut-il le souligner, se sentent souvent seuls à porter sur leurs épaules la lourde responsabilité consistant à protéger ces biens naturels inestimables, parfois au prix de leur propre vie.