Mon président Je m'appelle Naïla, j'ai 11 ans et je suis en première année de collège. Si je t'écris, c'est que je suis triste et malheureuse. Tout le monde se moque de moi car ils disent que je perds mon temps, mais moi je suis sûre que tu liras ma lettre car tu es mon président. Je suis Algérienne et j'aime mon pays. J'ai entendu mes parents dire qu'il faudra penser à partir car mon école va fermer. Je ne veux pas partir, car je ne pourrais plus voir mes grands-parents, ma famille et mes copains. Maman dit qu'elle aurait dû partir en 1994, date de ma naissance comme cela avait été prévu. Mais elle avait choisi de continuer à se battre dans les moments difficiles. Mon arrière-grand-père est mort en 1961, mon arrière-grand-oncle est porté disparu depuis 1958, mes grands-parents ont été « moudjahids ». Maman m'a expliqué que beaucoup d'Algériens ont donné leur vie pour qu'aujourd'hui je puisse faire tout ce que je veux dans mon pays. Mon président, je te supplie, ne ferme pas mon école, ne rends pas ma maman malheureuse ni mon petit frère. Les grands me disent qu'il faut tout enseigner en arabe, j'aime l'arabe. Je l'étudie comme les autres matières. Je veux parler plusieurs langues quand je serai grande. J'étudie aussi l'anglais. Papa dit qu'il faut beaucoup de travail pour parler trois langues. Mais les mathématiques, les sciences, la physique et la chimie seraient très difficiles en arabe ? Non ? Tous les livres que mes parents trouvent à m'acheter sont en français. Tout ce que je cherche sur Internet pour mes exposés est en français. Je ne sais pas comment il faudrait faire en arabe ! J'ai appris que l'enseignement devrait être universel. Je ne comprends pas pourquoi c'est cela qui pose problème. Maman dit qu'elle veut ce qu'il y a de mieux pour mon petit frère et moi. Elle dit aussi que s'ils sont arrivés à ce niveau, elle et papa, c'est parce que quand ils étaient petits, ils avaient été à l'école algérienne bilingue. Mon président, je veux être médecin et mon frère ingénieur ou pilote. Je veux être du même niveau que tous mes cousins qui sont en Europe ou en Amérique. Dis moi, ne peux-tu pas laisser mon école ouverte pour moi et tous mes camarades ? Je ne veux pas partir. Mon frère, mes camarades et moi sommes tes enfants aussi. L'Algérie est notre pays. Naïla, élève école Bendali, Zéralda