Quand la famille Batouche a mis au monde la SARL Laiterie Djurdjura en 1984 à Ighzer Amokrane, dans la wilaya de Béjaïa, on ne se doutait certainement pas qu'au bout d'un peu moins d'une vingtaine d'années on allait signer le premier partenariat avec le géant français des produits laitiers. Avant cette date-là, Danone, encore sous la dénomination de Bousson Souchon Neuvevel (BSN), se préparait à devenir le troisième groupe agroalimentaire diversifié en Europe. Démarrant avec une capacité de 1000 pots/heure, la laiterie Djurdjura devait avoir deux ans plus tard sa première conditionneuse thermoformeuse qui a quadruplé sa capacité de production. Jusqu'à 1995, la Sarl s'est dotée d'un atelier de fabrication de fromage fondu et de camembert, d'une ligne de production de crème dessert, d'une nouvelle conditionneuse de 9000 pots/heure et enfin d'une remplisseuse de 7000 pots/heure. Pendant ce temps, BSN se sent à l'étroit et s'en va à la conquête d'autres marchés avant que le groupe Danone jusque-là à activités diversifiées ne se concentre sur les produits laitiers frais, boissons et biscuits. En 1996, à mille lieues d'Europe, Djurdjura inaugure une nouvelle unité dans la zone d'activités de Taharacht à Akbou et à la clé, on investit dans la haute technologie. Celui qui allait être son partenaire économique, a réalisé quatre ans plus tard, près de 40 % de son chiffre d'affaires hors Europe occidentale. En 2000, Danone (Biscuiterie) était " dans les parages ", au Maroc et en Tunisie. Plus qu'un pas. En Algérie, Djurdjura a continué à évoluer dans un climat de concurrence qui devait dicter quelques difficultés pour lesquelles de nouvelles orientations se sont s'imposées. C'est en octobre 2001 que les chemins du groupe Danone et de la Sarl Laiterie Djurdjura se sont rencontrés pour donner naissance à un partenariat algéro-français qui répond au nom de Danone Djurdjura. L'accord, selon certaines sources, aurait été précipité par le fait des difficultés qu'aurait eu la Sarl à rembourser des dettes bancaires. L'obstacle qui lui aurait été infranchissable ne l'a pas été pour le groupe français qui a négocié en position de force. Aujourd'hui, il détient 51% des parts de la nouvelle société. " Le marché algérien présente, au-delà de sa taille, des intérêts particuliers pour notre métier : la population, très jeune et en forte croissance, offre des perspectives très prometteuses. La première étape de notre arrivée en Algérie a consisté à identifier le bon partenaire : nous l'avons trouvé en la famille Batouche " avait déclaré le directeur général de Danone Algérie, Claude Joly, au deuxième anniversaire du mariage qui a permis à Danone d'investir le marché national. Le partenariat a été concrétisé sur le terrain en août 2002, lorsque le premier pot de yaourt Danone était dans les étals. Dans les vitrines réfrigérées, les marques se bousculent aux risques et périls de certaines qui n'ont pas survécu à la concurrence. Principal actionnaire, Danone est venu avec un savoir-faire, des exigences et une volonté de progresser à grands pas. Ces derniers temps, des produits sont déclassés dans l'usine d'Akbou pour une histoire de degré d'acidité. " L'exigence de qualité " se paye ainsi à grosses pertes. En tout cas, la coopération a permis aux produits Danone d'intégrer le marché national que Danone Djurdjura occupe à concurrence d'au moins 40%. Encore faut-il savoir que la consommation moyenne de l'Algérien en yaourt ne dépasse pas les 6 kilos/an. Une histoire de prix et de pouvoir d'achat. La percée de Danone Djurdjura a aidé en cela par l'implantation de quatre dépôts de produits laitiers sur le territoire national et une politique d'extension partie d'Akbou. Avec 530 employés au début du partenariat, la société compte aujourd'hui 600 travailleurs dont des expatriés. Combien sont-ils ? En 2003, on les avait estimés à une demi-dizaine, de nationalités différentes. La politique de recrutement, qui serait l'apanage, à un certain rayon, du principal actionnaire, serait ainsi réglementée par les dispositions de l'accord de partenariat. En l'absence d'un bilan, le partenariat entame sa cinquième année en enregistrant une progression de 30% du chiffre d'affaires. La société est donc en bonne santé et permet de croire à un réinvestissement de ses bénéfices ici en Algérie. La question a déjà été soulevée. Le groupe Danone a réalisé, au titre de l'exercice 2005 et dans la filière produits laitiers, un chiffre d'affaires de 7184 millions d'euros. Soit une augmentation de 7%. Le plus gros des ventes du groupe est à l'actif de ses implantations hors Europe et Asie, avec une augmentation de plus de 15 %. La croissance est telle qu'il sera proposé à l'AG des actionnaires du groupe, le mois prochain, un dividende plus cher par action. Au courant 2006, il est programmé de nouveaux investissements mais aussi des rachats d'actions. C'est dans le programme officiel du groupe qui a réservé pour cela une cagnotte pouvant atteindre 800 millions d'euros. Une progression qui pourrait avoir, chez nous, le prix des 49 % des actions restantes dans Danone Djurdjura ? C'est fou jusqu'où peut aller la rumeur !