Du 25 février au 5 mars derniers, une caravane médicale avait sillonné le Grand Sud sur 7500 km en 14 nuits à la rencontre de campement afin d'apporter soins, médicaments et aides diverses aux populations nomades. L'association Terakaft réitère l'aventure pour la cinquième fois. Forte de son expérience sur le terrain, l'association a réussi à dispenser 818 consultations médicales par son équipe comprenant huit médecins et spécialistes. Les médecins membres de l'association livrent leur bilan médical, encore non publié, qu'El Watan Week-end a pu consulter. Les femmes et les enfants sont les principaux bénéficiaires des soins. 454 femmes et 364 hommes, enfants compris, ont été auscultés par des médecins volontaires. Principalement en raison de l'éloignement des hommes qui travaillent en général dans des villes ou des villages où ils ont accès aux soins. 313 auscultations ont concerné des enfants. Les problèmes buccodentaires figurent parmi les pathologies les plus répandues, selon les observations des médecins : 244 cas constatés. Elles sont talonnées par les maladies ophtalmologiques avec 182 cas de cataracte et 59 cas de trachome, un genre particulier de conjonctivite dû à un germe spécifique à cette région qui est transmis par les mouches. Un chiffre qui inquiète Yasmine, médecin et membre de l'association, puisque cette forme de conjonctivite peut avoir des séquelles définitives graves, dont la cécité. «Notre ophtalmologique a constaté beaucoup de séquelles de cette maladie, particulièrement chez les enfants», précise-t-elle. Le médecin souligne, par ailleurs, que l'hypertension artérielle est particulièrement présente chez les nomades et explique ce fait par «leur nourriture très salée et leur grande consommation de thé». Le thé ainsi que les carences alimentaires entraînent la prolifération de l'anémie, particulièrement chez les enfants. «Les enfants tètent très peu leur mère car elle manque de lait du fait de leurs carences alimentaires. Les enfants passent très vite au lait de chèvre parce que c'est l'animal le plus fréquent, hors ce lait n'est pas complet», explique-t-elle. Même si l'anémie est difficilement quantifiable sans bilan sanguin, elle est observable chez les malades. Neuf cas de malformations diverses ont été observés et qui seraient en partie dues à la consanguinité ou à la proximité des régions touchées par la radioactivité. Des palpations des seins ont été pratiquées sur toutes les femmes de plus de 16 ans. Seules trois femmes ayant des nodules aux seins ont été recensées. De façon un peu plus générale, les consultations ont concerné des douleurs intestinales, des constipations, des palpitations, des douleurs dentaires et des baisses de la vue. Les médecins ont constaté une automédication importante chez ces personnes qui vivent dans des sites très isolés où l'accès à la médecine est très difficile. Automédication Les herboristes s'improvisent pharmaciens et chaque bobo a son remède traditionnel. Abdou, chef de projet, revient sur les principaux accomplissements d'association Terakaft (qui signifie caravane). Il relève trois axes principaux : premièrement, la coopération avec la pouponnière de Tamanrasset à travers des aides matérielles (couches-bébé, lait et vêtements pour les enfants ainsi que quelques médicaments). Ensuite, la caravane est au cœur des actions de l'association avec les soins prodigués ainsi que les médicaments et chaises roulantes distribuées. Et enfin, le volet développement durable et commerce équitable à travers plusieurs initiatives. «Nous avons fourni de la laine à des femmes de certains campements pour fabriquer des tapis. Nous sommes ensuite repassés récupérer leurs œuvres contre une rétribution», explique Abdou. Ces derniers seront vendus lors de galas ou expositions. Par ailleurs, des semences ont été offertes aux agriculteurs contre la promesse de redistribuer 10% de leurs récoltes. «Ils se serrent beaucoup les coudes entre eux», précise Abdou qui ajoute qu'on avait relevé un besoin particulier chez certains nomades : les tentes, car certains, parmi les plus démunis, n'ont pas de toit et vivent à la merci du froid et des intempéries dans l'une des régions des plus redoutables. Mais le but principal demeure «la formation de jeunes médecins au travail dans ce genre de conditions», insiste le chef de projet. Deux femmes médecins algéroises ont d'ores et déjà choisi d'exercer leur métier à Tamanrasset. L'association recrute des volontaires, particulièrement des médecins et a besoin d'aides financières. Pour toute information : 0663 095 454/ [email protected]/ www.terakaft.com.