En marge du 1er Colloque national sur la Wilaya IV historique, organisé, hier et avant-hier, à la maison de la culture Emir Abdelkader à Aïn Defla par la fondation de Youcef El Khatib, «Mémoire de la Wilaya IV historique», Hélène Erlingsen Creste, la journaliste et coauteure avec Mohamed Zerrouki, fils de chahid et moudjahid, du livre Nos pères ennemis, n'a pu retenir ses larmes en évoquant le passé douloureux de son enfance et de sa famille lié à la guerre d'Algérie et l'émotion d'être accueillie chaleureusement dans la wilaya de Aïn Defla. Là, à quelques kilomètres seulement de Tacheta-Zougara, la commune où est mort en 1958 son père, Clovis Creste, alors sous-officier de l'armée coloniale. La longiligne Hélène Erlingsen Creste n'est pas passée inaperçue lors de ce colloque évoluant au milieu de nombreux moudjahidine et moudjahidate venus de 9 wilayas du pays. Partageant la vedette avec le commandant de la région IV historique, le docteur Youcef El Khatib alias Si Hassan, la fille du défunt sous-officier n'a pas cessé de harceler l'ancien combattant de questions sur l'histoire commune des deux pays. S'adressant au commandant de l'ALN, cette dernière lancera : «Sachant que je suis la fille d'un sous-officier de l'armée française qui a combattu votre armée, votre fondation m'a néanmoins invité à participer à ce colloque. Comment expliquez-vous ce geste M. Khatib ?» Ce dernier répondra avec son calme habituel : «Le passé, c'est le passé. Ce qui nous intéresse à présent, c'est notre histoire. La paix a également pour nom la repentance.» «Cependant, a-t-il encore soutenu, le mot repentance dérange. Notre demande dans ce sens ne concerne pourtant que la période allant de 1954 à 1962. Que dire alors des années antérieures ?» Sur la question des archives, Dr Youcef El Khatib indiquera que tous les présidents français, qui se sont succédé depuis l'indépendance, ont été saisis afin qu'ils nous rendent nos archives. Il rappellera qu'une association d'anciens combattants français en Algérie soutient les Algériens dans cette démarche. Dans cette optique, le président de la fondation pour la mémoire de la Wilaya IV historique réitérera la demande concernant la vérité sur la disparition de la dépouille de son compagnon de combat Si M'hamed Bougara. Pour rappel, l'armée coloniale avait donné une version selon laquelle le commandant Si M'hamed Bougara avait été liquidé par ses pairs. Une thèse réfutée en bloc par El Khatib qui précisera que le martyr en question jouissait de l'estime sans faille de tous ses compagnons et de la population. Interrogé par nos soins sur l'écriture de ses mémoires, Si Youcef répondra : «Il y a encore des choses qui dérangent.» Et d'ajouter : «Notre fondation s'est fixé comme objectif d'enregistrer tous les témoignages de moudjahidine et des témoins de l'histoire.»