D'éminents professeurs en médecine ont revisité, dans l'émotion, parfois, l'histoire de cette discipline, son évolution de l'état embryonnaire, durant la Révolution, à aujourd'hui. La célébration du 50ème anniversaire de l'indépendance a été l'occasion pour la corporation médicale de faire le bilan de la période 1962-2012 lors d'une journée médicale qui a rassemblé des dizaines de médecins ce samedi à la maison de la culture Omar Oussedik, de Jijel. Organisée par l'Ordre des médecins de la région de Constantine, la 14ème journée de déontologie médicale a été placée sous le thème: «50 ans de médecine, Acquis et perspectives». La rencontre s'est ouverte en présence du wali de Jijel, Ali Bedrici qui a affirmé l'intention des pouvoirs publics de réaliser une faculté de médecine dans la wilaya et d'un CHU. D'illustres professeurs, en l'occurrence Mohamed Toumi, Messaoud Djenas et Jean-Paul Grangaud ont été honorés aussi pour le rôle joué tant durant la guerre de Libération que dans l'édification d'un système de santé après l'indépendance. Le Pr. Djenane, président du conseil ordinal des médecins de la région de Constantine, a lu une communication du Pr. Toumi sur l'organisation sanitaire de la Wilaya II historique dont le poste de commandement était dans la wilaya de Jijel, plus précisément dans la région de Ouled Askeur. Il convient de rappeler que le Pr. Toumi a succédé au Dr Lamine Khen en 1958, comme responsable de la santé au niveau de ladite wilaya historique. Celui-ci, - qui n'a malheureusement pas pu se déplacer à Jijel vu son âge et son état de santé – a, par la voix du Pr. Djenane, rendu hommage à cette région qui l'a accueilli durant la révolution, qu'il nommera «cette autre Cirta». Dans sa communication, il reviendra sur la difficile mise en place d'une organisation sanitaire car, soutiendra-t-il, une armée malade est une armée défaite. Pour sa part le Pr. Djenas de faire le parallèle entre les acquis dans le domaine durant les 132 ans de colonialisme et les 50 années d'indépendance. Des moins de 10% d'élèves scolarisés dans les années 1940, aux 15% des années 1950, l'écart est immense par rapport aux 90% d'aujourd'hui. Le même constat est valable pour le cycle secondaire, sachant qu'en 2012, plus de 750 000 candidats ont participé aux épreuves du baccalauréat. Quant aux universitaires, les quelque 2000 de 1962, ont atteint aujourd'hui 1,5 million. Quant aux médecins, le Pr. Djenas dira que de la centaine exerçant dans les années 1940, on accédera à 200 ou 300 dans les années 1950 pour atteindre 500 en 1962. Aujourd'hui, lancera-t-il fièrement, ils sont plus de 50 000 médecins. L'orateur abordera ensuite les principales étapes de la médecine en Algérie depuis la 2ème moitié du 19ème siècle. La période coloniale a été marquée, dira-t-il, par les grandes épidémies et les famines caractérisée par une très forte mortalité infantile, qui a été compensée par une démographie forte des Algériens. Le 1er novembre 1954, sonnera l'acte de naissance de la médecine d'urgence dans les maquis. Le véritable acte naissance de la médecine algérienne pour le Pr. Djenas, a été signé en octobre 1967 avec la sortie de la 1ère promotion d'agrégés en médecine. Le conférencier ne manquera pas par ailleurs de relever les insuffisances, avant de lancer un appel aux pouvoirs publics pour «écouter nos malheureux malades particulièrement les cancéreux qui manquent de médicaments». L'ex-ministre de la Santé, le Pr. Abdelhamid Aberkane, s'étalera, quant à lui, sur les acquis en médecine au cours des 50 ans d'indépendance. Il décortiquera le système de santé national, tout en regrettant que la réforme hospitalière collée à la dénomination du ministère soit restée un simple slogan.