Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a qualifié la sortie publicitaire de Bouteflika dans le quotidien le Monde de «pitoyable manipulation de marketing menée auprès d'un grand quotidien français pour farder, devant l'opinion internationale, le bilan de quinze ans de prédation», en notant que cela souligne «le degré de putréfaction des mœurs et des procédés du régime». Dans une déclaration rendue publique hier, à la veille de la célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance, le RCD critique le bilan de cette indépendance confisquée. «Aujourd'hui, l'Algérie vit un cauchemar qui insulte ses luttes, révolte sa jeunesse et la désigne dans le monde comme l'image inversée du statut auquel la destinait une épopée qui a forcé l'admiration du monde», note ladite déclaration. Le RCD estime que depuis 1962 «rien n'a été épargné au peuple algérien» ; il cite à ce titre : «Assassinats politiques, dilapidations et détournements de la richesse nationale, fraudes électorales et soumission tribale des institutions ont déstabilisé l'Etat, ensemencé la violence dans les mœurs politiques et exclu le citoyen, notamment la jeunesse, de toute décision engageant le destin national. Nous devons la vérité à notre peuple. Le bilan est lourd. L'avenir est sombre.» La déclaration du même parti souligne que 50 ans après l'indépendance «l'Algérie est au bord de l'implosion sociale». «Son unité nationale est mise à mal par le tribalisme qui gangrène toutes les instances nationales, gouvernement en tête. Guidé par la prédation et l'appât du partage de la rente pétrolière, le pouvoir s'exonérant de tout effort, transparence et contrôle, mène une politique de confiscation de l'Etat où les compétences non inféodées sont réduites à la marginalité, l'humiliation et l'exil», est-il noté dans cette déclaration. Le RCD considère que «le simulacre législatif du 10 mai dernier illustre, on ne peut mieux, la faillite du système et donne une image affligeante d'un Etat installé durablement dans le provisoire, la prébende et le mépris. Le mutisme aussi incompréhensible qu'humiliant d'un chef d'Etat en convalescence perpétuelle et le maintien d'un gouvernement intérimaire» témoignent de «l'incapacité à appréhender les enjeux nationaux et planétaires». Le même parti souligne par ailleurs que «l'appareil répressif multiplie les interpellations et les parodies de procès à l'encontre de militants associatifs et syndicaux pour dissuader toute velléité de contestation et prévenir toute volonté citoyenne de se réapproprier les espaces de débat et de lutte pour l'avènement du changement». Signe symbolique édifiant : le pouvoir croit «se mettre à l'abri de la colère populaire en bétonnant les esplanades de la capitale». Ceci et de rappeler que «cette congélation politique est d'autant plus grave aujourd'hui que les indicateurs économiques sont au rouge. Les experts et les institutions financières internationales tirent la sonnette d'alarme sur des perspectives immédiates particulièrement préoccupantes ; perspectives que seul un pouvoir autiste croit pouvoir ignorer».