L'un des rares partis politiques à dénoncer le prochain scrutin, qualifié “d'opération de reproduction de l'asservissement des citoyens”, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a lancé, hier, un appel à un boycott massif des élections législatives du 10 mai prochain. “Destiné à recomposer les équilibres internes au système, le simulacre du 10 mai précipitera la crise et mettra en péril la survie de notre pays. Une mobilisation citoyenne forte pour un boycott massif aggravera l'isolement du régime à l'extérieur et contribuera à donner plus de sens, de solidarité et de force aux luttes menées quotidiennement pour la justice et la liberté dans toutes les régions d'Algérie. En faisant le vide dans les centres de vote, nous démontrerons au monde entier qu'à l'instar de ses voisins, le peuple algérien aspire à la démocratie”, écrit le RCD dans un communiqué rendu public. À ceux qui pourraient l'accuser d'avoir choisi la voie la plus facile ou de passivité, le RCD rétorque que le boycott est un acte de résistance pour refuser l'humiliation. “Le rejet du vote du 10 mai n'est pas une décision passive ; c'est un acte de résistance qui refuse l'humiliation et l'injustice et honore le combat de ceux qui se sont levés un certain 1er novembre pour abattre l'arbitraire et permettre à leurs enfants de vivre dans un Etat démocratique et social.” Instruit sans doute par son expérience, il rappelle à ceux qui justifient leur participation aux joutes électorales par leur soucis de faire passer leur message à travers la tribune du parlement que l'entreprise est vaine. “L'heure n'est plus aux marchandages ou aux hésitations. Les contestations tribuniciennes ont montré leurs limites. Pas une proposition de l'opposition n'a été entendue dans le parlement. Par la rue ou par les élections transparentes, les despotes tombent les uns après les autres. Le système algérien se trompe en croyant pouvoir ruser avec l'Histoire en abusant de la corruption, de la répression et de la désinformation.” Pour le RCD, pour qui “la course aux candidatures” à laquelle le peuple algérien a assisté n'est motivée que par “la cupidité et la recherche de l'impunité”, les élections du 10 mai, au-delà de la fraude, visent à reprogrammer l'asservissement national. “Plus qu'une fraude, le scrutin du 10 mai s'annonce comme une opération de reprogrammation de l'asservissement des citoyens”, écrit le RCD. Et pour masquer un bilan “désastreux”, le régime, soutient encore le RCD, fait le chantage à l'islamisme. “Pour masquer son bilan et justifier ses manœuvres, le régime invoque, une fois de plus, le péril islamiste qu'il a produit, encouragé et manipulé depuis l'Indépendance”, conclut enfin le RCD. K K