Pour la commémoration du 20e anniversaire de la disparition tragique de mon défunt frère, Mohamed Boudiaf, j'ai été invité par l'association Machaâl El Chahid qui avait organisé des conférences et des rencontres à sa mémoire. Malheureusement, j'ai entendu, de la part de certains intervenants, des inexactitudes sur la vie et le parcours historique de mon défunt frère. Par devoir de mémoire, je dois rectifier certaines erreurs pour contribuer â l'écriture de l'histoire révolutionnaire de notre pays dont mon défunt frère fut l'un des acteurs majeurs. 1- Au mois de mai de cette année, pour la commémoration du 8 Mai 1945, il m'a été demandé par une des responsables de cet événement de lui remettre des photos de combat de Mohamed Boudiaf lorsqu'il était dans l'ALN. J'ai été surpris par cette demande, car cette dame ne connaît pas le passé historique d'un des architectes de la Révolution. Il est à noter que mon frère avait effectué son service militaire obligatoire dans la région de Batna. Après sa démobilisation, il a rejoint la vie civile et le combat militant au sein du PPA, puis du MTLD, pour prendre par la suite la responsabilité de l'OS pour le Constantinois. En octobre 1954, Le comité des «Six» est mis en place, dont 5 responsables furent désignés à la tête des 5 zones et M. Boudiaf était chargé de la coordination entre l'extérieur et l'intérieur. Il apparaît que son rôle était éminemment politique et à aucun moment militaire, bien qu'il participa à la réception des armes à Nador. 2- Au cours de la commémoration du 20e anniversaire de la disparition tragique du chef de l'Etat, le défunt Mohamed Boudiaf, un des conférenciers, au cours de son intervention, a répété une rumeur selon laquelle M. Boudiaf vivait avec un seul poumon. Ce qui est inexact, le fait est que mon défunt frère avait subi une intervention chirurgicale au niveau du lobe supérieur de son poumon durant sa détention à Fresnes. C'est une rumeur qui avait été répandue par Ahmed Ben Bella, connu pour ses contradictions en tous genres. Car c'est lui qui fit kidnapper mon défunt frère le 21 juin 1963 pour le priver de liberté dans le Sud algérien jusqu'au 17 novembre de la même année et l'a contraint à l'exil durant 30 longues années. C'est Ben Bella qui fit emprisonner, en 1964, l'épouse de mon défunt frère durant 8 mois à la prison d'El Harrach avec les détenues de droit commun... 3- Sous la statue de Mohamed Boudiaf qui se trouve à l'entrée de M'sila, il est écrit qu'il est né â Ouled Maâdi, localité de Saïda qui se trouve à 20 km de M'sila. C'est inexact, mon frère est né à M'sila où il a fréquenté l'école primaire.... 4- Pour rappel, il y a quelques années, j'avais attiré l'attention du le ministre des Moudjahidine, venu inaugurer la statue du défunt frère, où on avait omis de mentionner le nom du défunt Krim Belkacem, qui avait rejoint le groupe des 5 au mois d'août 1954. (Lire Les architectes de la Révolution de Kechida, page 76). Je veux à cette occasion remercier le wali pour cette correction. 5- Enfin, des inexactitudes ont été révélées par le dernier long métrage Mostefa Ben Boulaïd, du réalisateur Ahmed Rachedi, qui a retracé une partie de la vie du défunt Mohamed Boudiaf avec beaucoup d'erreurs, car le réalisateur n'avait contacté aucun membre de sa famille. Pour conclure, je suis très triste de constater qu'après 50 années d'indépendance, l'histoire de notre pays est toujours occultée comme elle l'a été durant 30 années, où le nom de Boudiaf Mohamed était effacé des manuels d'histoire. Aujourd'hui, on essaye de déformer de manière très maladroite son passé.