Quel bilan établir de la condition des Algériennes, un demi-siècle après le recouvrement de l'indépendance de leur pays à laquelle elles ont largement contribué, il ne faut pas l'oublier ? Des droits formulés par le législateur, inscrits dans les textes fondamentaux de l'Etat, sont une étape indispensable et incontournable, mais non suffisante. Leur reconnaissance, leur application dans la vie quotidienne leur donneront toute leur plénitude. C'est ainsi que l'émancipation sociale de la femme, en lieu et place d'un système social inégalitaire dont l'expression juridique la plus symbolique est le code de la famille, pourra devenir une réalité. Les amendements au code de la famille introduits par une ordonnance du président Abdelaziz Bouteflika en février 2005 étaient désignés comme des mesures d'urgence par le gouvernement pour protéger, en cas de divorce, les mères et leurs enfants de la précarité, en attendant la refonte globale de la loi de 1984. La formulation imprécise et ambiguë de ces mesures a souvent conduit à une difficulté d'application par les fonctionnaires chargés de les mettre en œuvre (administratifs et judiciaires), voire à une interprétation au gré de convictions propres, à l'exemple du certificat médical exigé pour les couples qui contractent mariage transformé en certificat de virginité pour la femme. Que dire du silence, plus de l'indifférence face aux violences de toute nature et de tout ordre faites aux femmes ? Est-il acceptable de s'entendre dire que dans toutes les sociétés, même dans les pays les plus avancés et les plus démocratiques, des femmes sont victimes de violences ? Si dans ces pays, ces violences constituent une réalité, il y a aussi une volonté de les combattre, et des dispositifs pour protéger celles qui en sont victimes. Est-il admissible qu'un Etat qui ambitionne de se projeter dans un XXIe siècle fait de progrès et d'ouverture universelle, qui affirme vouloir construire la démocratie, la femme soit encore une demi-citoyenne, encore faut-il que l'homme soit un citoyen à part entière ? C'est dire que les droits et libertés, la citoyenneté ne sont pas sexués, ils concernent l'individu dans sa globalité. Pour leur aboutissement, le chemin à parcourir est encore long.