Qui veut empêcher la fabrication du Saiflu ? Alors que près de 6 millions de boîtes/an de Tamiflu (seul antiviral efficace contre la grippe aviaire) devaient être fabriquées en Algérie, l'entreprise Saïdal éprouve beaucoup de difficultés pour relever le défi. D'après le premier responsable de Saïdal, les matières premières pour la composition du médicament sont bloquées depuis plus de dix jours au port d'Alger faute d'autorisation. Le premier responsable de ce groupe soupçonne le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Amar Tou, d'être derrière cette histoire. Le patron de Saïdal n'a toujours pas digéré le fait que le premier responsable de la santé affirme que l'entreprise Saïdal n'est pas « capable » de fabriquer du Tamiflu. « Si Saïdal ne sait pas fabriquer des gélules, cela veut dire qu'elle ne sait rien faire. » « On peut, à la limite, nous demander de ne pas en fabriquer, s'ils ont déjà des contrats avec des importateurs, mais qu'on ne nous dise pas qu'on en est pas capable », a asséné hier Ali Aoun, PDG de Saïdal, en marge de la conférence débat sur le partenariat animée au Forum d'El Moudjahid. M. Aoun avait déjà tout planifié au cas où le virus H5N1 apparaîtrait en Algérie. Un stock de Saiflu devait ainsi être mis à la disposition du ministère de la Santé qui le distribuerait s'il y avait pandémie. Le groupe Saïdal devait entamer la production du Saiflu gélules à 75 mg (spécialité de référence Tamiflu gélules à 75 mg) ces jours-ci, dans son unité de production de Gué de Constantine. Le prix de revient d'une boîte est de 1496 DA, alors que le prix de vente d'une boîte est de 1672 DA. Saïdal avait prévu de couvrir les besoins du pays et de mettre en place un stock de sécurité de 50%, dépassant de loin les 25% maximum qu'impose l'OMS dans le cadre du programme de prévention contre la pandémie de grippe aviaire, Le patron de Saïdal est d'autant plus irrité que cet obstacle l'empêchera de relever le défi dans les temps (la première livraison en avril). « Ce qui est à craindre, c'est qu'on va dire, par la suite, que Saïdal n'était effectivement pas capable d'honorer un tel engagement », soupire-t-il. En tout cas, une chose est sûre : rien ne va plus entre le ministre de la Santé et le patron de Saïdal. Déjà, lors de la cérémonie de signature du contrat de production avec le groupe indien Hetero Labs Limited, Amar Tou avait brillé par son absence.