La visite de Laurent Fabius à forte charge symbolique de l'orientation que les nouvelles autorités françaises, à leur tête le président François Hollande, veulent impulser à la relation entre l'Algérie et la France. Paris De notre correspondante Le ministre d'Etat français aura pour mission de renouer le fil d'une relation ayant connu plus de bas que de hauts sous la présidence de Nicolas Sarkozy et de préparer la visite qu'effectuera le président Hollande en Algérie, en octobre ou novembre prochains. La date, le programme et la qualification de cette visite seront examinés à la faveur des deux rendez-vous entre le président Bouteflika et le ministre français des Affaires étrangères, nous a-t-il été affirmé au Quai d'Orsay. Laurent Fabius sera reçu, lundi prochain à 11h, par le président Bouteflika, après qu'il aura rencontré au cours d'un petit-déjeuner des chefs d'entreprises françaises et visité l'institut français. Il retrouvera une seconde fois le président Bouteflika pour un déjeuner. La coopération bilatérale, dans toutes ses dimensions, ainsi que la situation régionale, au Sahel et dans le Monde arabe, particulièrement au Mali et en Syrie, seront examinées par MM. Fabius et Medelci, demain soir au cours d'un entretien, suivi d'un point de presse et ensuite d'un dîner de travail. Les deux ministres devront actualiser et enrichir l'accord-cadre de partenariat bilatéral signé en 2007. A propos de la Syrie, Paris, qui vient d'accueillir la conférence internationale des Amis du peuple syrien à laquelle l'Algérie a pris part, rappelle dans une déclaration du Quai d'Orsay qu'«après seize mois de répression sanglante qui a fait plus de 17 000 morts, des dizaines de milliers de prisonniers, souvent torturés, des centaines de milliers de déplacés internes et plus de 100 000 réfugiés dans les pays voisins, des massacres comme ceux notamment de Houla et de El Koubeir, il est évident que Bachar Al Assad doit partir pour qu'une transition politique soit engagée. Les Amis du peuple syrien, qui représentent la moitié des Etats de la planète, l'ont dit sans ambiguïté lors de la réunion du 6 juillet dernier à Paris. Tous doivent désormais le comprendre et faciliter cette transition». Il apparaît que Paris attend aussi d'Alger — de par sa position de principale puissance régionale — une forte implication dans la résolution de la crise malienne et de l'insécurité dans le Sahel. «La visite que va effectuer le ministre les 15 et 16 juillet à Alger sera son premier déplacement au Maghreb et dans le Monde arabe. Elle marque l'importance que nous attachons aux relations entre la France et l'Algérie, relations exceptionnelles par leur profondeur et leur intensité», signale le Quai d'Orsay. «La visite intervient dans un contexte particulier pour nos relations bilatérales, marqué notamment par la célébration du cinquantenaire de l'indépendance algérienne. Elle s'inscrit dans une séquence qui a débuté avec l'entretien téléphonique entre les deux présidents le 23 mai dernier, poursuivie avec l'appel téléphonique du ministre à son homologue algérien le 15 juin dernier, puis avec le message adressé par notre président de la République à son homologue le 5 juillet, pour le cinquantième anniversaire de l'indépendance. Cette séquence culminera avec la visite que le président Hollande effectuera en Algérie d'ici la fin 2012», précise le Quai d'Orsay dans un communiqué rendu public hier. «La relation entre l'Algérie et la France est exceptionnelle à bien des égards. Elle est marquée par une histoire commune et par des liens humains très denses. Le moment est particulièrement favorable à cette nouvelle impulsion. La France et l'Algérie sont décidées à avancer de concert pour développer leurs relations bilatérales», a indiqué récemment le Quai d'Orsay par la voix de son porte-parole, Bernard Valéro. A l'occasion du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, François Hollande, élu le 6 mai dernier, avait adressé une lettre au président Bouteflika dans laquelle il estimait qu'il y «a place désormais pour un regard lucide et responsable» de la France sur son passé colonial en Algérie.«Aujourd'hui, entre une repentance jamais formulée et un oubli forcément coupable, il y a place pour un regard lucide et responsable sur notre passé colonial et un élan confiant vers l'avenir… Cela vaut pour la gauche française dans le regard qu'elle porte sur sa propre histoire. Cela vaut aussi pour la France et pour l'Algérie. Aucune avancée en la matière ne pourra être unilatérale», affirmait François Hollande, alors candidat à la présidentielle, dans une tribune qu'il avait confiée au journal le Monde et à El Watan, le 19 mars dernier, jour anniversaire des Accords d'Evian de 1962. «Nous avons tant de choses utiles et belles à faire dans une même perspective. Celle du respect mais aussi du dépassement.» Ces propos semblent relever, de la part de François Hollande – qui éprouve de longue date un intérêt profond et une proximité réelle avec l'Algérie – des convictions profondes et constantes à transformer en actes.