Organisée en mémoire au célèbre rédacteur en chef d'Alger républicain, jeudi à la Bibliothèque nationale d'Alger, la journée de remise des prix dont ont bénéficié deux journalistes d'El Watan a été l'occasion, pour le président d'honneur, Ahmed Akkache, de dresser, tout en finesse, un tableau sans complaisance des difficultés rencontrées par les journalistes en Algérie. « Vous faites un métier dangereux. » Ainsi commence le discours d'ouverture prononcé M. Akkache, militant communiste de la première heure et compagnon de lutte de la guerre de Libération. Avec un discours de 45 mn qui aurait dû en durer 10, l'auditoire a pu se délecter de la parole de l'orateur. En présence de Amine Zaoui, directeur de la très officielle Bibliothèque nationale, M. Akkache a battu en brèche en quelques minutes les problèmes très actuels liés à l'exercice de la liberté d'informer. Avec la combativité et la conviction visibles dans les yeux d'un homme dépassant les 80 ans, rien n'est oublié. En abordant la crise des salaires, « ces milliards de dinars qui sortent des banques privées, alors que l'on refuse quelques dinars aux enseignants », le président d'honneur revient habilement sur les condamnations de journalistes algériens au regard des libérations récentes depuis l'application de la charte (pour la paix et la réconciliation, ndlr). « Il est plus avantageux d'être égorgeur de nos jours que d'être journaliste ou caricaturiste », affirme-t-il avec dépit. En affirmant qu'« un pays ne peut avancer sans critiques », le vieil homme martèle, les yeux remplis de larmes : « Il faut garder espoir ; je place l'espoir dans ces millions de jeunes, je garde l'espoir que le combat pour la liberté créera de nouveaux Ben M'hidi, de nouveaux Boudiaf et de nouveaux Benzine. » Quand le discours doit laisser place au timing, M. Akkache dira : « Non, on m'a demandé d'être président d'honneur, et je ne serai pas un trois-quarts de président. » Un discours vivant et drôle qui a déridé bien des visages, pourtant pour beaucoup marqués par le temps. Une somme de 100 000 DA représentait le premier prix remportés par Djaouida Azzoug de la Chaîne III et Salah Slimani d'El Watan. Deux prix de reconnaissance ont été décernés à Nadia Mellal (Liberté) et Amel Blidi (El Watan).