Un ministre est mort. Vite, il faut prendre sa place. Qu'importe le moyen pour y parvenir. Amar Bouzouar, le personnage central, s'y emploie avec enthousiasme, tact et beaucoup plus que ça, d'entourloupes. Au diable la droiture, le «nif» et le politiquement correct ! Voilà brièvement l'histoire de l'ossature de Wazir ou rabi kbir, la nouvelle production de la coopérative culturelle et artistique Port Saïd d'Alger. Une pièce dont la générale a été présentée, lundi soir, au théâtre Abdelmalek Bouguermouh de Béjaïa. Le texte, écrit en arabe dialectal par Abdelhamid Rabia, puise dans la littérature ambiante qui relate la perception des rouages du pouvoir. On y décèle un effort laborieux pour donner du relief au développement du sujet. Quelques dictons et sentences populaires, d'usage courant, saupoudreront les répliques, mais ils ne peuvent malheureusement pas remplacer des tournures inédites comme les gags, calembours et paraboles qui procurent habituellement plus de plaisir au public. D'autant plus que le scénario est écrit sur le mode de la satire. Dans la mise en scène signée Djamel Guerni, on relève l'omniprésence du personnage central, incarné par Djamel Bounab. Son rôle s'attribue l'essentiel de la trame développée. Tous les autres personnages s'activeront autour du but de Amar Bouzouar, autrement dit lui arracher le statut convoité, per fas et nefas : la flagornerie, le petit cadeau, faire jouer une presse moyennant paiement, el familia pour éliminer la concurrence… En fait, la fin justifie les moyens.