Le théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh de Béjaïa (TRB) a présenté jeudi dernier au public sa nouvelle pièce Axerdus, (la Tranchée). Rencontre d'un texte de Youcef Taouint, déclamé en un délectable mélange de parler algérien, pour la boutade et la complainte et d'une pointe d'arabe classique pour l'artifice, la figure de style et la flagornerie, avec une mise en scène signée Yasser Nacereddine, superbement drivée et relevée par le jeu d'une professionnelle, Djoher Deraghela. Le spectateur a été plongé avec un tact que sont l'humour et le burlesque dans une situation où l'énigme le dispute à la réalité. Une réalité incarnée par les changements et les tumultes, y compris les catastrophes naturelles, que traverse la société et sur une voie, voulue paradoxalement parallèle dans le texte, des artistes pris dans le piège de l'ermitage. Un confinement qui est résultat d'une infortune sociale. Les personnages tenteront avec subtiles prouesses de s'en sortir, de quitter le Khandaq. Per fas et nefas. En ayant recours dans leur désarroi à la sollicitation d'un officiel (rôle conféré à l'ONU) mais aussi à la corruption. Le public est alors pris à contre-pied. Transporté d'un acte que marque la détermination à un autre où la déprime côtoie le renoncement (scènes où l'envie de dormir prédomine), le spectateur, dans la logique de l'histoire, anticipe un dénouement heureux. Il se verra, à contre sens, proposer une chute dans la démence. A noter, nonobstant quelques bredouillements dans l'élocution, un jeu des comédiens plaisant et rythmé par le mouvement.