Dans El Gusto, Safinez Bousbia raconte les retrouvailles de musiciens chaâbi, juifs et musulmans, séparés par la guerre de Libération. Le film sort sur les écrans algériens demain. Un jour d'été 2003, Safinez Bousbia, la réalisatrice, se promène dans les rues de La Casbah et rencontre Mohamed El Ferkioui, un miroitier. La discussion s'engage et la jeune femme découvre que cet homme était accordéoniste dans l'un des plus célèbres orchestres de chaâbi d'Alger dans les années 1950. El Anka, professeur au Conservatoire, réunit à l'époque une quarantaine de jeunes élèves, juifs et musulmans, pour explorer le répertoire de cette musique traditionnelle issue d'influences berbères, andalouses et religieuses. Mais lorsque la guerre de Libération éclate, certains musiciens, fils de pieds-noirs, quittent le pays, d'autres fuient la capitale, et l'orchestre se sépare. Safinez Bousbia décide alors de reconstituer, autant que possible, cet orchestre célèbre. En 2007, 42 musiciens donnent un concert à Marseille. C'est le début d'une tournée qui se poursuit aujourd'hui encore. Le film raconte l'histoire de ces retrouvailles entre musiciens, à l'image du documentaire Buena Vista Social club, sur la musique cubaine. Tourné entre 2006 et 2008, El Gusto est sorti en France en janvier dernier. Le film et le disque de la bande originale ont eu du succès de l'autre côté de la Méditerranée. Mais en Algérie, le visa d'exploitation s'est fait attendre. Si aujourd'hui, ce visa existe, il n'est pas certain que le film puisse être montré dans tout le pays, faute de salle. El Gusto sera présenté en avant-première ce soir à la salle Cosmos d'Alger.