L'évolution des parts de marché de la téléphonie mobile en Algérie est tributaire de l'investissement consenti et de l'amélioration de la qualité de service, selon l'ARTP. La controverse suscitée par les déclarations du PDG de Mobilis à l'APS, estimant nécessaire «l'intervention de l'ARPT pour le rééquilibrage du marché», demeure intacte. Les réactions s'enchaînent de part et d'autre. Seul Orascom Telecom Algérie (OTA), qui commercialise la marque Djezzy, sollicité d'ailleurs par El Watan, a préféré garder le silence pour des raisons, jusqu'ici, inexpliquées. Mobilis a été le premier à tenter de minimiser la portée des déclarations de son patron. Après que Saâd Dama, nouveau PDG de Mobilis, eut confié à l'Agence de presse officielle que l'intervention de l'ARPT était souhaitable pour que Mobilis puisse atteindre l'objectif de 45% des parts de marché avec l'investissement de 2 milliards de dollars engagé à l'horizon 2016, Mobilis se rétracte et refuse que sa cause pour qu'une «concurrence loyale doive être assurée pour préserver le patrimoine des opérateurs» soit «mal interprétée» par un autre opérateur. En effet, au lendemain de la réaction de Wataniya Telecom Algérie aux déclarations du patron de Mobilis, les interprétant comme étant une cause juste et partagée par Nedjma, l'opérateur public de téléphonie mobile a tenu à ajuster sa position en accusant Nedjma de «créer la polémique et l'amalgame, en associant nos préoccupations aux siennes, alors qu'elles ne relèvent pas de la même nature ni du même intérêt». L'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), qui s'est refusée à nos tentatives de vouloir publier ses explications au sujet de cette polémique, a décidé, 48 heures après, de sortir de sa carapace en estimant, à travers l'APS, que l'évolution des parts de marché de la téléphonie mobile en Algérie est tributaire de l'investissement consenti et de l'amélioration de la qualité de service. L'ARPT, à travers sa patronne, Zohra Derdouri, a tenté ainsi de tirer les choses au clair quant à la position dominante de Djezzy sur le marché de téléphonie mobile. «Concrètement, l'évolution des parts de marché ne peut se faire qu'à travers l'amélioration des pratiques commerciales, notamment la qualité de service», a déclaré Mme Derdouri, qui réagissait à des appels d'opérateurs de la téléphonie mobile à rééquilibrer les parts du marché et empêcher toute dominance. Saisissant des termes du débat, Wataniya Télécom Algérie (WTA-Nedjma) a déclaré, jeudi dernier, maintenir sa position dans la polémique qui s'est déclenchée autour de la question de la régulation du marché algérien de la téléphonie mobile. Dans un communiqué rendu public, son directeur générale, Joseph Ged, réaffirme que «la concurrence est, à présent, limitée par des problèmes structurels sérieux et par l'absence de mesures réglementaires appropriées». «Rééquilibrer, précise-t-il, ce n'est pas prendre à l'un pour donner à l'autre. C'est mettre en place un environnement concurrentiel permettant à tous les opérateurs de créer de la valeur et de protéger la liberté des consommateurs de choisir librement leur opérateur, aujourd'hui comme demain, tout en gardant le même numéro.» Tout en excluant le fait que cette position exprimée par la société sur le nécessaire rééquilibrage du marché tient de la simple manœuvre polémique, Nedjma persiste à croire qu'Orascom Telecom Algérie (OTA-Djezzy) est en position de domination : «Aujourd'hui encore, la valeur globale du marché est fortement concentrée au profit de l'opérateur dominant, OTA, qui a réalisé, en 2011, un chiffre d'affaires de 135 milliards de dinars, pour 59 milliards de dinars pour WTA et 53 milliards de dinars pour Algérie Télécom Mobile (ATM-Mobilis)», lit-on dans le communiqué. Répondant à la présidente de l'ARPT, Zohra Derdouri, qui affirmait dans une déclaration, mercredi dernier à l'APS, que «le régulateur n'agit qu'en cas d'abus de position dominante». Nedjma affirme que la structure actuelle du marché ne résulte pas d'une concurrence saine : «L'écart substantiel entre le faible niveau des investissements et la croissance massive du nombre d'abonnés de l'opérateur dominant démontrent que l'évolution des parts de marché n'est plus liée aux investissements réalisés ni à la performance commerciale, mais uniquement à la capacité de l'opérateur dominant de renforcer sa puissance au travers de pratiques abusives.» Ainsi donc, le débat semble encore intact sur la nécessité d'apporter des solutions juridiques à même de cerner les enjeux d'une meilleure régulation du marché.