Vieille revendication reformulée pour la énième fois par l'opérateur de téléphonie mobile Wataniya Telecom Algérie (WTA), la question relative au rééquilibrage du marché de la téléphonie mobile se pose avec acuité. Cette fois-ci, Nedjma et l'opérateur historique Mobilis font front commun avant que ce dernier ne se rétracte sur certains aspects de la problématique. Conseiller auprès de Nedjma, l'expert Ahmed Hamoui rappelle que l'ARPT, sur la base d'une étude réalisée par deux bureaux d'études étrangers fin 2006, a conclu que Djezzy est un «opérateur dominant qui détient alors 80% des parts de marché». En outre, Orascom Telecom Algérie (OTA) est toujours en position dominante, car son chiffre d'affaires en 2011 est supérieur au total des chiffres d'affaires des deux autres opérateurs de téléphonie mobile, d'après. M. Hamoui. Cet expert note encore que l'ARPT avait pris une décision n°14 du 22 avril 2007 pour «rééquilibrer le marché sur 2 ans». Celle-ci portait sur la régulation des tarifs de détail de Djezzy qui s'étalait jusqu'au 31 décembre 2008. OTA était tenu de soumettre à l'ARPT, préalablement, toute nouvelle offre tarifaire accompagnée des informations nécessaires sur les répartitions de trafic. Cette loi permettait à l'ARPT de vérifier si ces tarifs n'étaient pas préjudiciables aux deux autres concurrents. «Malheureusement, cette décision n'a pas été appliquée. Djezzy a introduit un recours auprès du Conseil de l'Etat et il a été débouté. OTA refuse toujours d'appliquer cette décision», déplore ce conseiller auprès de Nedjma, estimant que l'ancienne équipe de l'ARPT «avait remis au placard cette loi». «L'ARPT avait affirmé vouloir réguler le marché par le biais d'offres promotionnelles et non pas par les tarifs. Ce qui est impossible. C'est un échec total. Pis encore, cela a consolidé davantage la position de l'opérateur dominant», précise-t-il. Notre interlocuteur insiste sur la nécessité que l'ARPT intervienne en réactualisant la décision n° 14 du 22 avril 2007. «Elle pourrait être mise en application pendant une à deux années jusqu'à ce que les autres opérateurs atteignent des parts de marché acceptables. Ensuite, l'ARPT pourrait laisser le champ à une concurrence loyale», conclut M. Hamoui. Saâd Dama, nouveau PDG de Mobilis, avait confié à l'Agence de presse officielle que l'intervention de l'ARPT était souhaitable pour que Mobilis puisse atteindre l'objectif de 45% des parts de marché avec l'investissement de 2 milliards de dollars engagé à l'horizon 2016. «Une concurrence loyale doit donc être assurée pour préserver le patrimoine des opérateurs», a estimé hier Mobilis dans un communiqué de presse. A part cela, l'opérateur historique, contre toute attente, charge Nedjma, sans le nommer qui, selon les termes du communiqué, «tente de créer la polémique et l'amalgame en associant nos préoccupations aux siennes, alors qu'elles ne relèvent pas de la même nature ni du même intérêt». «Un opérateur ne peut se dérober à ses obligations telles qu'édictées dans le cahier des charges de la licence, en mettant en avant un rééquilibrage du marché, dont l'idée sous-tendue est de pouvoir accéder aux équipements et installations de réseaux des autres opérateurs, subterfuge pour ne consentir aucun investissement et se limiter à la génération de profits et de dividendes», accuse Mobilis qui se démarque des déclarations de Nedjma. Par ailleurs, nos tentatives de joindre Djezzy ont été vaines. Cet opérateur a préféré noyer ses arguments dans le silence presque complice de l'ARPT.