En dépit de la défection du public, le Festival arabe de Djemila, qui résiste aux croche-pieds des uns et des autres, retrouve sa vitesse de croisière. Le passage de Hatem El Iraqi (l'Irakien), qui a enflammé la 5e soirée, a donné une autre dimension à la manifestation. Se produisant pour la première fois en Algérie, le rossignol ou le roi des mawals (vocalises arabes) a mis le feu dans un stade presque vide, une fois de plus. Les 200 ou 300 personnes présentes ont été épatées par la production de l'une des plus belles voix d'Irak. Durant une heure et demie, l'assistance s'est livrée à une debka irakienne. Interprétant ses plus belles chansons, notamment Ya Lamhdjar et Chaâlouma (Quelles sont vos nouvelles), l'enfant de Baghdad a conquis les cœurs des présents. Entouré par un orchestre de virtuoses, le chanteur, qui s'est donné à cœur joie, a gratifié le public de très beaux tubes, tels que Ya Tair, Raih, Ahabkoum, Khalik. Pour partager les fêtes du peuple algérien qui célèbre le 50e anniversaire de l'indépendance, le compositeur de certaines chansons de Saber Eribai, Kadim Essahir, Fayez Essid (Emirats arabes unis), Nawel Zoghbi, Chada Hassoun et d'autres artistes arabes a, en guise de cadeau, entonné : «Djana, djana ya Djazaïr ya watana - Hat narek djana – Ya watana ya hebayaib – Wi tarabou ya tayeb», qui a ému et fait plaisir à un auditoire découvrant non sans plaisir une voix d'or. Pléthoriques en métaphores, les poèmes chantés accrochent le public qui se laisse aller. La très belle prestation de l'artiste a ainsi poussé l'assistance à participer à la fête qui était à son paroxysme. L'enchaînement des tubes a fait exploser le vieux stade qui renaît le temps du festival qui n'abdique pas. En accompagnant le poète, qui a fait vibrer la scène par ses sublimes mawals (il en possède 150), les présents, qui ont brisé bon nombre de tabous, chantent et dansent à ne plus en finir. Sous des ovations bien méritées du public qui réclame Chaâlouma, le poète quitte la scène qui n'oubliera pas de sitôt le remarquable et remarqué passage de l'enfant de Baghdad, lequel n'a pas caché sa joie à prendre part au Festival de l'ex-Cuicul rehaussé par autre belle et douce voix orientale. Notons par ailleurs que la «kheïma» d'art et de mémoire n'a pas été installée cette année. Chargée de la mission, la direction de la culture de la wilaya de Sétif va sans nul doute brandir comme alibi le mois de Ramadhan. La «kheïma» qui abritait des expositions, des communications littéraires, théâtrales et autres saute du programme, tout comme les banderoles et affiches qui n'ont pas été, faut-il le rappeler, une énième fois, placardées dans les coins et recoins de la capitale des Hauts-Plateaux qui ne sait toujours pas que le Festival de Djemila est son hôte. Partie prenante dans la manifestation, la direction de la culture de la wilaya de Sétif et la «commissaire», qui s'est inscrite aux abonnés absents, sont les principaux responsables du forfait du public, incontournable élément de l'équation…