Il y a actuellement 80 000 enfants autistes. La majorité d'entre eux n'ont pas accès aux soins en raison du manque de structures spécialisées. De plus en plus d'enfants sont atteints de maladies mentales. Il y en aurait près d'un million qui souffrent d'un retard mental, selon les dernières estimations du professeur Mahmoud Ould Taleb, chef du service de pédopsychiatrie à l'hôpital Drid Hocine de Kouba. «Nous n'avons, certes, pas de statistiques précises, mais nous estimons le nombre d'enfants qui présentent un retard mental à près d'un million», nous a déclaré le professeur Ould Taleb en marge de l'inauguration de son nouveau service de pédopsychiatrie, hier, par le ministre de la Santé. Cet enseignant à la faculté de médecine d'Alger affirme que les causes des déficiences mentales sont à la fois complexes et multiples. Il cite, entre autres, les grossesses à risques mal prises en charge et les accouchements difficiles dans de mauvaises conditions. «Un accouchement difficile peut laisser de graves séquelles au nouveau-né et freiner son évolution psychomotrice. S'il n'est pas pris en charge à temps par une structure spécialisée, il aura des difficultés à poursuivre, par exemple, sa scolarité», souligne le professeur, qui espère voir d'autres structures comme le nouveau service mis à sa disposition dans d'autres wilayas pour pouvoir soigner tous ces enfants atteints de maladies mentales. Le professeur Ould Taleb appelle les parents à vaincre le fatalisme et à faire le nécessaire pour soigner leurs enfants. Hormis la trisomie, les autres maladies mentales sont réversibles, assure-t-il en tant que spécialiste. L'autisme en progression «L'autisme, qui est ma grande spécialité, demeure une maladie méconnue en Algérie. Les Algériens confondent d'ailleurs l'autisme avec la trisomie. Ils pensent ainsi qu'elle n'est pas curable. Or, c'est faux. Si on prend l'enfant en charge convenablement avant trois ans, il a de fortes chances de guérir et d'intégrer l'école le plus normalement du monde. J'ai eu des cas qui m'ont été présentés à temps et que j'ai réussi à soigner au niveau de mon service. Certains ont même décroché la sixième. C'est pour vous dire que cette maladie n'est pas une fatalité. Un autiste a autant d'intelligence qu'un enfant normal, sauf qu'il lui faut un traitement approprié pour réveiller l'émotion nécessaire pour porter cette intelligence», a-t-il expliqué. Il y aurait actuellement, d'après les estimations du professeur, 80 000 autistes au niveau national. La prévalence pour l'ensemble du spectre est de 1 pour 300 naissances, indique-t-il en se référant à la moyenne établie par l'Organisation mondiale de la santé. Leur prise en charge pose problème en raison du manque de structures spécialisées : seulement sept au niveau national, dont deux à Alger. Il y a actuellement un déficit de 10 000 places qui nécessite un rattrapage urgent. Cette maladie, quand elle n'est pas soignée dès le très jeune âge, provoque un retard mental. Le professeur estime que pour y faire face, il faut créer au moins un centre de soins spécialisés dans chaque wilaya. Le professeur Ould Taleb évoque dans ce sillage le programme Schopler qu'il met en application au niveau de son service et qui donne, d'après lui, de «bons résultats». Il souhaite ainsi que ce programme, qu'il a introduit lui-même dans ce service, soit généralisé pour devenir un programme national qui sera enseigné à l'université. Ce programme a été mis en place par le professeur américain Eric Schopler en Caroline du Nord, aux Etats-Unis. Le professeur Ould Taleb insiste sur le traitement qui est de longue durée (environ trois ans) et nécessite de ce fait des équipes de pédopsychiatres aguerris.