- D'après vous, Taoufik Makhloufi peut-il créer la surprise à Londres ? Makhloufi, qui n'a pas connu la gloire à ce stade de compétition, a la rage de vaincre. Après le titre du 800 m et la performance (1'44''88) réalisés au Championnat d'Afrique d'athlétisme qui s'est déroulé au Bénin, Makhloufi a montré de grandes dispositions. Sa façon de courir est impressionnante. Makhloufi, qui recèle un énorme potentiel, s'est préparé cette saison à l'étranger avec un nouveau groupe dans les meilleures conditions. Il s'est qualifié aux JO avec un chrono intéressant (3'30''80) dans les jambes. Psychologiquement, il est prêt.
- Pourquoi l'athlétisme algérien a connu une grande régression ?
Les raisons de cette régression sont dues plutôt à l'état d'esprit de nos athlètes qui a changé. Ceci dit, il faut mettre les meilleures conditions de haut niveau à leur profit, à commencer par les infrastructures médicales, sportives, etc. qui répondent aux normes universelles. Sachez que le peu d'infrastructures qui existent chez nous sont fermées. Il est difficile de trouver des espaces pour faire des footings.
- Comment as-tu réussi à te préparer pour décrocher la médaille d'or aux JO de Sydney 2000 ?
J'avais une grande volonté et une détermination pour atteindre le podium aux Jeux olympiques. A Sydney, je n'avais pas quitté le village olympique durant trois semaines, au moment où les autres sortaient en ville pour faire du shopping. J'étais trop concentrée et mon rêve était de devenir comme Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli. Malgré les obstacles, j'ai pu relever le défi. J'ai fait preuve d'un sacrifice sans relâche. Imaginez que lors des stages effectués aux Etats-Unis, je n'ai pu communiquer que rarement avec mes parents. Tout simplement, je n'avais pas les moyens financiers pour téléphoner. A l'époque, il n'y avait pas internet.
- La volonté suffit-elle pour réaliser un tel exploit aux Jeux olympiques ?
La volonté ne suffit pas à elle seule. Il faut travailler durement pour réaliser les grands exploits. La stabilité est importante dans la vie d'un athlète. J'ai débuté ma carrière dans le sprint à l'âge de 15 ans. Il faut inculquer à cette jeune génération d'athlètes l'envie de réussir.
- Comment voyez-vous la récompense (voiture) promise aux athlètes algériens en cas de victoire aux JO ?
A mon humble avis, au lieu d'offrir aux médaillés une voiture, il vaut mieux leur assurer une situation professionnelle. L'athlète a besoin d'avoir une vie décente après la fin de sa carrière sportive.
- Parlez-nous un peu de vous, que faites-vous actuellement ?
Après de longues années passées aux entraînements, je m'occupe actuellement de mes deux petites filles. Avec l'aide de l'athlète marocain, Hicham El Guerroudj, je vais préparer un diplôme de management aux Etats-Unis. C'est le même diplôme qu'avait obtenu récemment le champion marocain.