Deux années après la mise en place du dispositif de création d'activités par les chômeurs promoteurs âgés entre 35 et 50 ans, le bilan est peu reluisant. Les chiffres donnés hier par Bouheda Abdenour, directeur général de la Caisse nationale d'assurance-chômage (CNAC), chargée de la gestion de ce dispositif, sont éloquents. Depuis son lancement en fin 2003, ce dispositif n'a permis la création que de 2142 entreprises. Pourtant, 216 300 chômeurs se sont présentés auprès de la CNAC et 39 580 dossiers ont été déposés depuis avril 2004. Les entreprises créées dans ce cadre emploient à peine 5870 personnes, soit une moyenne de 2,74 éléments par entreprise. Sur les 26 700 dossiers soumis au comité de sélection et de validation, 22 520 ont obtenu un accord au cours du 2e semestre 2004. M. Bouheda souligne qu'au niveau des agences de la CNAC, tout est fait pour qu'il y ait un traitement rapide des dossiers. Mais, selon lui, le blocage se situe au niveau des banques qui demeurent toujours réticentes quant à l'octroi des crédits. Ainsi, sur les 11 732 dossiers déposés auprès des banques, 3756 ont reçu des accords bancaires. M. Bouheda parle de l'existence de 4521 dossiers auprès des banques qui attendent toujours d'être traités. Le DG de la CNAC a évoqué des difficultés rencontrées, notamment auprès de la BADR, l'unique banque spécialisée dans le financement des projets agricoles. D'après lui, cette banque, comme bien d'autres, octroie peu de crédits arguant que les demandeurs ne donnent pas suffisamment de garanties pour cela. M. Bouheda a précisé qu'avec plus de 29%, le secteur agricole occupe la première place dans les demandes de financement de projets, suivi le transport avec 24,44% des services avec 22%, et l'industrie avec 10,16%. Cela oblige la CNAC à coopérer beaucoup plus avec la BADR qu'avec d'autres banques publiques. Mais cela ne veut nullement dire que les autres ne devraient pas s'impliquer davantage dans la réussite de ce dispositif. Parmi les difficultés rencontrées auprès des banques, il y a l'exigence de garanties supplémentaires, ce qui complique davantage l'accès au crédit bancaire auquel il faudra, en outre, un tas de paperasses et de documents qui ne sont pas toujours faciles à obtenir. Outre les crédits bancaires, la CNAC a accordé 2845 prêts non rémunérés (PNR). Afin de dynamiser ce dispositif et d'éliminer les blocages existants, M. Bouheda a organisé une rencontre de trois jours avec l'ensemble des directeurs des agences régionales et de wilaya qui a débuté hier à Zéralda (Alger). Une réunion avec les représentants des banques publiques est prévue afin de trouver un meilleur moyen permettant de faciliter l'accès au crédit bancaire pour les chômeurs promoteurs bénéficiaires de ce dispositif. Cette rencontre devrait sortir avec des recommandations qui seront soumises au ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh. Mais une telle rencontre est-elle suffisante pour aplanir toutes les difficultés et obstacles dont souffre ce dispositif ? Sûrement pas. En dépit de ces difficultés, le DG de la CNAC affiche un certain optimisme. M. Bouheda envisage, d'ici 2009, d'arriver à créer entre 30 000 à 40 000 entreprises et entre 80 000 à 120 000 emplois. Ce qui relève de l'impossible si les banques ne s'impliquent pas davantage et si la bureaucratie persiste toujours.