«Tous les grands poètes que nous connaissons avaient côtoyé des hommes de lettres ou étaient aimés des rois et des gens de culture. Sidi Lakhdar Benkhlouf a vécu isolé des gens. Il n'a pas vécu dans un Royaume. Il a vécu dans un village éloigné de 50 km de Mostaganem. Il ne trouvait pas une grande écoute à sa poésie. Il était loin des villes culturelles de l'époque telles que Tlemcen ou Béjaïa», nous a déclaré Mohamed Touzout, chercheur en patrimoine et membre du jury du septième Festival culturel national de la chanson chaâbie. Selon lui, Sidi Lakhdar Benkhouf peut être considéré comme «le père» de la langue algérienne, comme Danté l'était pour l'italien ou El Moutanabi pour l'arabe classique. «Sidi Lakhdar n'avait pas eu la chance des poètes de l'époque Zianide. Ceux-ci étaient soutenus par les rois, alors que la qualité de leurs textes était moindre que ceux de Sidi Lakhdar. Il avait été marginalisé à l'époque ottomane, parce que les Turcs ne maîtrisaient pas bien la langue arabe populaire», a-t-il ajouté. Belkacem Lakhal Ben Abdellah Ben Khlouf, ou Sidi Lakhdar Benkhlouf a vécu au XVIe siècle dans la région de Mostaganem parmi la tribu des Maghraoua. Il a écrit des centaines de poème en madh au prophète de l'Islam. Comme il a laissé pour l'éternité un long poème, Quisset Mazagran resituant la fameuse bataille de Mazagran qui avait opposé les conquérants espagnols aux musulmans l'été 1558. Pour Mohamed Touzout, Sidi Lakhdar Benkhlouf a été desservi par le fait qu'il n'écrivait pas en arabe classique. «Ben Sahla ou Ben Messayeb doivent leur notoriété à la proximité des cours royales. Ce n'était pas le cas de Sidi Lakhdar», a-t-il estimé. Mohamed Touzout est, pour rappel, auteur de deux ouvrages, Min boustan el malhoun («Du jardin du melhoun») et Al Saquia el khamria («La poésie bacchique»).