Mostaganem vit depuis le début de la saison estivale au rythme des « Waadates » et des « Zyarates », des saints patrons de la ville, qui attirent ainsi des milliers de visiteurs, venant aussi bien de cette wilaya que des régions limitrophes. La wilaya de Mostaganem abrite un grand nombre de mausolées des saints patrons, dont une quarantaine d'ancêtres et aïeux issus de la région. Le plus célèbre des «Maoussam » de la région est celui du saint patron Sidi Lakhdar Benkhlouf, qui se tient dans la commune balnéaire portant son nom et située à environ 50 km à l'Est de Mostaganem. La « waada » de Sidi Lakhdar Benkhlouf, célébrée par les Ouled Khlouf en automne depuis des décennies, a débuté vendredi soir dans la commune qui porte le nom de ce saint-patron. L'ouverture de la « waâda » a drainé une foule nombreuse, venue de toute la région ouest du pays. Le chemin qui mène vers le mausolée a vécu un embouteillage monstre, ce qui a nécessité l'intervention des éléments de la gendarmerie nationale, afin d'organiser le trafic automobile pour une meilleure fluidité. Dans le rituel de cette « waada », qui s'étale jusqu'à l'après midi de samedi, le lieu accueille des dizaines de milliers de citoyens, qui viennent de toutes les régions du pays, voire même de l'étranger. Au mausolée, abritant le tombeau du saint-patron, décorée en pareille circonstance. Un groupe d'élèves des écoles coraniques récite les louanges des batailles de l'Emir Abdelkader et des guerriers algériens. Dans l'enceinte même du mausolée, des « talebs » en grand nombre, récitaient le coran à haute voix. Dans une ambiance de convivialité, faite de sons de « matreg», d'ovations et de youyous, des groupes folkloriques et des «meddahs », accentuaient l'ambiance par leurs chants accompagnés de la «ghaita » et du «guellal », ainsi que les contes rappelant des faits de guerre exécutés par les « sahabas ». Les habitants de la commune qui porte son nom, s'empressent au service des hôtes, témoignant d'une hospitalité légendaire. Les visiteurs ont également droit à des spectacles de fantasia et de baroud, en plus de l'organisation d'un souk, où des marchands providentiels, exposant divers produits. Pour rappel, le saint-patron, Sidi Lakhal Ben Abdallah Benkhlouf, ce poète du XVIe siècle, prince des bardes du Dahra, plus connu sous le nom de Sidi Lakhdar Benkhlouf, fut un brillant panégyriste du Prophète et l'un des rares auteurs qui se soient spécialisés dans le « madih ». Sa généalogie, il la tient, dit-on, de Saquiet El Hamra, mais sa famille s'est établie, dès le XIVe siècle, chez les Maghraoua, qui est une tribu berbère, entre le Habra et le Chélif. Sa renommée qui a dépassé les limites du pays des Beni Chougran et de Mascara, où il a vécu, est dû à la fécondité de son talent et aux pièces élogieuses qu'il a composées en l'honneur du Prophète et à un poème divinatoire du genre «malahim ». Très jeune, vers 1516, il se souvenait du protectorat espagnol sur Ténès et ses environs et de l'Emir Yahia Ziani et de Khaïredine Bacha Abdellah, qui a passé toute sa jeunesse à Mazagran, participa à la bataille contre les Espagnols, qui a eu lieu en 1558. Cette victoire a été, d'ailleurs, immortalisée dans le chant de Benkhlouf « Ya Farès Men Tem Jit El Youm » (ô cavalier, Je viens aujourd'hui de là-bas). Il fut la gloire de la poésie populaire algérienne. Aucune date de naissance ou de décès n'est précisée à son sujet, par les auteurs de recueils de poésie. Le Prophète lui aurait dit en songe de changer son prénom al-Akhal (noir) en Akhdar (vert). Trop pauvre pour entreprendre le pèlerinage, il eut d'extraordinaires compensations. Il aurait vu en rêve, quatre vingt dix neuf fois, le Prophète Mohamed (SAW), l'unique objet de son amour. Il aurait vécu 125 ans et a été enterré au douar, à 3 kilomètres du village qui porte son nom Sidi Lakhdar, situé dans wilaya de Mostaganem.