En hommage à la disparition il y a six ans d'Anissa Asselah et celle d'Ahmed et Rabah Asselah, assassinés il y a 12 ans, Anissa Culture Action Mémoire a organisé, jeudi après-midi, le vernissage d'une exposition de peinture intitulée « Kayen chta », signée par Kamel Maâchou. Les membres de l'association Anissa Culture Action Mémoire ont eu l'ingénieuse idée de mettre en avant-plan le travail d'un jeune autiste de 23 ans. Kamel Maâchou est un artiste en herbe qui se plaît à dessiner non pas avec des crayons ou un pinceau, mais avec ses mains. Le regard tendre, la gestuelle animée, Kamel est là, assis en train de coucher sur le papier son monde. Un monde qu'il explore avec une palette de couleurs chatoyantes et des tracés abstraits. Kamel est un adolescent qui utilise cette technique pour justement combattre l'oubli et l'indifférence. La trentaine de toiles accrochées au cimaise témoigne d'une douleur et d'un repli sur soi. A défaut de nous entretenir avec l'artiste en personne, il nous suffit de nous rapprocher de la maman de Kamel, Houria, pour découvrir la personnalité de l'artiste. D'une voix fluette, Houria nous conte le parcours de son fils. A l'âge de 5 ans, elle découvre que son fils est atteint d'un retard profond, ajouté à cela un divorce qu'elle accepte malgré elle. Ayant été auparavant femme au foyer, elle réussit à se trouver un job en qualité de secrétaire médicale. L'éducation de Kamel n'a pas été des plus faciles. Après l'avoir inscrit dans une école publique spécialisée à Hydra, à l'âge de 18 ans, Houria constate, à son grand regret, que son fils n'évoluait pas. Elle décide donc de l'inscrire dans une école privée à Oued Romane. Là, les résultas étaient plus concluants. Les jeudis de Kamel étaient réservées à l'équitation et les jeudis au sport. Mais comme le bonheur ne dure jamais, l'association qui a permis à Kamel de s'épanouir ferme ses portes, le privant ainsi de séances d'équitation. Houria frappe à toutes les portes et réussit à inscrire son fils à la maison de jeunes du Palais du peuple où il se découvre un don certain pour la peinture. « Quand il peint, il est heureux », dit-elle en essuyant de grosses larmes au coin des yeux. En 2003, Kamel participe à un concours de dessins, intitulé « Je tends ma main à mon ami sinistré », organisé dans le cadre du TeleFoof de la FAO. Kamel avait décroché le prix spécial du jury, pour un dessin abstrait qui avait laissé le public sans voix. Il est à noter que sur les 38 dessins sélectionnés par le jury, dix ont été achetés. Ainsi 15 000 dollars ont pu être récoltés au profit des enfant sinistrés. Kamel Maâchou est un talentueux artiste qui augure d'un avenir certain... pour peu qu'il soit encadré par des professionnels du métier.