Pour honorer la mémoire d'Anissa Asselah et marquer le deuxième anniversaire de sa disparition, tous ses amis se sont donné rendez-vous mercredi au cercle Frantz-Fanon de Riadh El-Feth lors d'une singulière exposition plastique. En effet, pour commémorer la date de sa tragique disparition survenue un 13 mars 2000 lors d'un dramatique accident de la circulation, tous ses amis plasticiens, à savoir Essebahine, des designers et autres, tous ceux qui l'ont connue, côtoyée, aimée et appréciée pour ce qu'elle était, une femme courageuse et fascinante, pour ses idéaux et sa ténacité aussi, enfin pour son rêve de bâtir une Algérie meilleure s'étaient réunis pour lui rendre un vibrant hommage. Elle qui n'a jamais cessé de croire en un avenir constructif, à des idées qu'elle défendait bec et ongles et n'a jamais baissé les bras devant l'absurdité humaine et l'ignorance aveugle et assassine. Celle à qui on a à jamais ravi, six ans avant sa mort, son époux Ahmed et son fils Rabah et, pour lesquels afin de perpétuer leur souvenir, elle fondera une association pour que ne cessent la créativité et le développement culturel dans notre pays. Aussi, ont participé à cette exposition parrainée par l'OREF en collaboration avec le journal El Youm, faut-il le signaler, des artistes peintres, mais aussi des designers, des journalistes et ce, sur le thème du mur. «Le mur comme prétexte à l'expression plastique, car on aurait pu choisir n'importe quel autre thème, une boîte de conserve par exemple», fait remarquer Karim Sergoua, membre des Essebahine. Aussi, chacun a apporté sa pierre angulaire pour la construction de cette exposition unique en son genre. A même le sol, après avoir retiré la moquette de la salle Frantz-Fanon, des panneaux, formant une sorte de cheminement, ont été disposés. A l'intérieur de chacun de ces panneaux sont collées l'une à côté de l'autre, environ une trentaine de photos ayant trait au «hit» donc. Un sujet qui fera prochainement l'objet d'une exposition de peinture à part entière comme ce fut le cas avec la chaise, indique Karim. En regardant attentivement l'ensemble, on se rend compte que le tout, ce patchwork d'images, constitue une véritable oeuvre d'art qui n'est pas sans rappeler certaines peintures... Car «il y a une texture, une composition, une harmonie des couleurs et énormément de profondeur qui s'en dégage», révèle Karim. Pour accompagner ces panneaux et agrémenter ce décor, des briques sont posées de la même façon, à même le sol. A ces briques, l'élément de base de toute édification, une touche ou une note d'esthétisme leur a été apportée. Ici on reconnaît la coccinelle, l'empreinte de notre cher ami Djaoudet Gassouma des Essebahine et là ces croix ou signes propres à Karim Sergoua. En somme, c'est de l'art contemporain, brut qu'illustre cette scénographie. Anissa Asselah aurait apprécié, elle qui encourageait la production artistique et culturelle et partant exhortait les jeunes à plus de créativité. Car c'est d'imagination et d'étonnement qu'est fait l'art ! Et c'est en tout cas dans cet état d'esprit que s'inscrit l'exposition. Une ouverture des idées, toujours tournées vers le futur, mais bien ancrées dans le présent. (Carpé diem). Sur les cimaises de la salle ont été accrochés, outre des agrandissements de quelques photos pour souligner le côté esthétique de certains détails, de nombreux messages d'amour et d'amitié en hommage au «combat» d'Anissa, messages envoyés soit par e-mail soit rédigés sur place. Au-delà de l'aspect purement informatif que renferme le mur comme des signes «apparents» à l'image des tags - qui, eux, relèvent aujourd'hui d'une vraie prouesse artistique et sont reconnus comme tels pour certains d'entre eux - des messages comme des déclarations d'amour pour sa bien-aimée ou pour son club sportif favori, etc. le mur (hit) peut recouvrir plusieurs interprétations ou significations. Pour le designer Zinou, membre de la fondation Anissa-Asselah, le mur peut être symbole de «rempart si on est face à lui et peut correspondre à un point de départ dans notre vie si on est dos à lui. Tout dépend de quel côté on se place, en fait». Ce sont des images d'Anissa Asselah réalisées en infographie qui sont mises en exergue à travers les panneaux de Zinou, qui a tenu à rendre hommage à sa manière à cette grande dame. Le mur peut renvoyer également à la notion d'enfermement, d'emprisonnement ou de réclusion comme l'atteste ou le témoigne cette photo qui montre un mur en barreaux de fer... Enfin, pour s'en sortir et aller vers la lumière, il faut le défoncer pour pouvoir avancer, coûte que coûte... Le mur, c'est donc tout un symbole ! Un choix et un thème fort judicieux. Anissa aurait, sans doute, approuvé, elle dont la fondation, qui porte son nom, décerne annuellement un prix d'encouragement pour les qui ont brillé par leur travail, leur sérieux et leur abnégation. L'année dernière, ce sont Malika Hachid et Louisette Ighilahriz qui ont été récompensées. Cette année, on croit savoir que le prix est revenu à la présidente de l'association SOS culture Bab El-Oued. Une association à caractère socioculturel qui avait fait fi de tous les dangers pour venir en aide aux sinistrés. Un prix largement mérité.