Pour marquer cet hommage annuel, une exposition atypique signée par Kamel Maâchou, un artiste autiste, se tient jusqu'au 21 mars au cercle Frantz-Fanon... Pour saluer la mémoire d'Anissa Asselah, disparue il y a six ans, et celle d'Ahmed Asselah, assassiné il y a douze ans, la Fondation Anissa Culture Action «mémoire» a organisé cette année une exposition picturale du jeune Kamel Maâchou, un jeune autiste mais néanmoins artiste qui a proposé, depuis le 14 mars dernier, à la salle Frantz-Fanon, une série de tableaux abstraits, sous l'intitulé «Kayenchta?», un titre évocateur qui, d'après Karim Sergoua, directeur artistique de l'événement, est un mot clé pour ce jeune garçon. Un jeu de complicité le lia via cette phrase à sa mère qui le prend en charge. «Quand il n'y a pas de pluie, cela veut dire que c'est une journée de sortie pour lui...» Coïncidant avec la Journée internationale du handicapé, cette exposition s'est voulue ainsi une halte devant le monde de ce jeune garçon de 23 ans qui nous invite à découvrir et à explorer son univers fait de couleurs et de créativité et ce, contre le silence et le repli de soi. Mais aussi, nous indique-t-on, contre l'oubli et l'indifférence... «On n'a eu aucun moyen cette année. L'école des Beaux Arts ne nous a pas été du tout d'une aide favorable. Mais nous avons tenu à marquer le coup. On a préféré axer nos activités autour de la Journée du handicapé à travers cette exposition. On voulait donc montrer les capacités de ce jeune artiste de par son état de plasticien», nous a confié Karim Sergoua. Le vernissage, qui s'est déroulé le 14 mars dernier, a drainé beaucoup de monde et a permis ainsi à ce jeune autiste de se frotter aux gens et sortir de l'anonymat dans lequel il est cloisonné. Une belle et louable initiative, en effet, qui même malgré le peu de moyens, prouve qu'avec des idées, on peut faire beaucoup de choses plus intéressantes. La veille, soit le jeudi, des femmes conteuses sont venues lire quelques extraits de leur série de contes à un public composé essentiellement d'enfants âgés entre 5 et 13 ans. Ces derniers ont profité d'un atelier de création intitulé «L'instant design». Cette rencontre a été également l'occasion de présenter un livre publié par les femmes conteuses, intitulé Destins de femmes. Sorti aux éditions Chihab, le livre regroupe une série de sept histoires inspirées de faits réels relatifs aux voisines, aux amies ou aux proches qui ont eu un destin «malheureux». Vendredi dernier, s'est clôturée cette semaine commémorative par une série de projections vidéo Art et films d'animation. Il sera ainsi présenté des films de l'Ecole supérieure des Beaux arts d'Aix-en-Provence, suivront des films d'animation de quatre étudiants à l'Ecole nationale supérieure d'Alger qui se sont distingués par leur originalité, leur talent innovant et leur sens de créativité. On citera notamment le travail à saluer qui n'a rien à envier aux Occidentaux, celui de Chiheb Khaled. Après quelques films vidéo allemands, où l'image saccadée épouse le rythme d'une musique électronique vivifiante et dynamique, cet après-midi consacré à «l'image autrement» fut achevé par le projection du film d'Amar Bouras-Adlène Meddi, intitulé Tablod'bord où il est question de brosser un portrait d'Alger et ses habitants sous un prisme innovant, coloré, poétique, émouvant et humain... Un aspect très déterminant et important, celui-ci dans le travail de la fondation Asselah qui n'a de cesse de dévoiler les talents. A l'image, en effet, de Kamel Maâchou, qui a reçu une distinction par le Programme des Nations unies pour le développement en Algérie, pour le dessin réalisé autour du thème «Je tends ma main à mon ami sinistré», en décembre 2003. Son exposition réalisée sous forme «d'expressions spontanées», se tient au cercle Frantz-Fanon jusqu'au 21 de ce mois.