Les émeutes qui ont éclaté le 5 mars à Zéralda sont l'expression d'une malvie dans certains quartiers défavorisés. La « disparition tragique » du jeune Fayçal n'était alors qu'un prétexte. Zéralda, commune balnéaire, ne protège pas de la prolifération des bidonvilles. C'est dans ce quartier que sont nées les rancunes exprimées, lors des émeutes, à l'endroit des autorités locales. Le siège de l'APC, touché par les émeutes, se trouve au centre de pas moins de trois bidonvilles qui n'ont rien à envier à ceux de Baraki ou d'El Harrach. Le premier baraquement est à une dizaine de mètres seulement du même siège. Ses habitants l'on baptisé « Bab El Oued ». Une visite à l'intérieur de cette favela permet de constater que cette appellation est des plus fantaisistes. Cerné par le centre commercial, l'avenue 20 Août 1955 et la sûreté de daïra, « Bab El Oued » est un ensemble de baraques divisées en longueur par trois couloirs. Aux constructions coloniales viennent se greffer un grand nombre de baraques, faites à base de parpaing, plus ou moins récentes. En s'introduisant par le côté du bâtiment de la sûreté de daïra, l'on découvre combien les occupants des lieux vivent dans des conditions inhumaines. Les eaux usées se déversent directement dans l'unique voie de circulation piétonne. A hauteur de celle-ci et au coin d'un établissement scolaire, une conduite d'assainissement, éclatée, déverse son contenu dans les baraques de fortune. La canalisation proviendrait d'une villa qui se singularise un tant soit peu des lieux. Comme pour isoler davantage les habitants de « Bab El Oued », les autorités locales ont construit aux enfants de ces baraques une école au sein même du quartier. L'établissement, cerné lui aussi de tous les côtés, d'échoppes, cache un autre baraquement qui n'est visible que des hauteurs de la ville. La troisième colonne de « Bab El Oued » donne directement sur le centre-ville. Bien que la route soit goudronnée et s'imposant en véritable raccourci, les automobilistes ne la fréquentent que rarement. Les vendeurs à la criée préfèrent étaler leurs marchandises à l'entrée du baraquement. L'attitude des jeunes de « Bab El Oued » envers les policiers, accusés de faire dans le « deux poids, deux mesures », peut s'expliquer par le fait que Zéralda, ville où prospère le commerce, est « interdite » à l'informel. Les « trabendistes » sont rares. Cela traduit toute l'intransigeance de la police à l'égard des trabendistes de « Bab El Oued ». « J'ai 34 ans. Je tiens maintenant une table. Je vends des cigarettes et des cacahuètes, mais les policiers me les confisquent à chaque fois qu'ils viennent dans cet endroit », nous avouera un jeune désœuvré. Sur l'artère principale de la ville et à 500 m du siège de la municipalité, se trouve l'ex-village agricole inauguré en 1964. Le village est toujours habité et ne cesse de s'étendre. Des villas, achevées ou en cours de réalisation, s'offrent à la vue. Au centre du village, des locaux commerciaux sont transformés en habitations où logent plusieurs familles. Le réseau d'assainissement est défectueux. L'odeur nauséabonde qui s'y dégage agresse à entrée des lieux. Dans ce décor, des enfants jouent en toute innocence. Questionnés au sujet des émeutes, les habitants se disent « non concernés ». « Ce sont les habitants de « Bab El Oued » qui sont à l'origine. Nous, on y est pour rien », nous affirme un vieux, qui se dit même « satisfait » de ses conditions de vie. « El Hamdou lil Allah ! » Un peu plus loin, les écoles Benslimane Salem et Ramdani Djilali sont, elles aussi, assiégées par les baraques. Derrière elles, s'étend la cité El Bahdja. Comme son nom l'indique, le quartier se trouve être assez bien aménagé avec clôture et bâtiments fraîchement repeints.