Dans la série des médaillés, une décoration vient d'être remise à Abdelkader Bensalah, patron désigné du Conseil de la nation. D'où vient cette médaille ? De l'UGTA, « en reconnaissance de ses efforts continus au service de l'Algérie », selon l'explication officielle de la centrale syndicale. Si, ailleurs, il est absurde pour un syndicat des travailleurs de décerner des médailles à ses dirigeants, en Algérie, la politique du mérite est tout autre. C'est ainsi qu'en moins d'un mois, c'est la troisième médaille que l'UGTA attribue à des dirigeants. La première a été attribuée au président Bouteflika à l'occasion du 50e anniversaire de l'UGTA, le 24 février dernier, probablement pour sa participation exemplaire à la non-augmentation des salaires. La seconde à Amar Saâdani, patron de l'APN, et la troisième, il y a quelques jours, à Abdelkader Bensalah, bouclant par là le tour des dirigeants faiseurs de lois, politique des salaires y compris. Pourquoi Sidi Saïd s'ingénie-t-il, au lieu de récompenser des travailleurs modèles, à décorer des hauts fonctionnaires de l'Etat alors que ces derniers refusent d'augmenter les salaires, préférant dépenser des milliards de dollars pour acheter des armes dont personne ne sait encore à quoi elles vont servir ? En bon soldat, l'inamovible patron de l'UGTA pense peut-être participer à la prochaine guerre pour se rendre utile en y engageant des travailleurs. Mais une guerre contre qui ? Le Maroc ? Il est lourdement armé. La Tunisie ? Elle n'a rien fait à l'Algérie. Le Mali ou le Niger ? Trop facile. Les Etats-Unis ? Le président Bouteflika a dernièrement rappelé que l'Algérie n'était « qu'une mouche face à l'Amérique ». Alors contre qui ? Contre les travailleurs. Là, tout s'explique. Au lieu d'augmenter les salaires, Sidi Saïd préconise un bombardement. D'où l'anticipation sur les médailles. Des médailles de guerre, bien sûr.