Sorti grand vainqueur des élections par les listes du Congrès général national (CGN) en Libye, le 7 juillet dernier, Mahmoud Jibril, leader de l'Alliance des forces nationales, n'est pas pour autant sûr d'accéder au poste de Premier ministre. Qu'est-ce qui pourrait l'en empêcher ? Le Conseil général national libyen va élire, le 12 septembre, le premier chef de gouvernement libyen élu après les élections du 7 juillet dernier. Les 200 élus vont choisir parmi huit candidats. Il s'agit de Awadh Al Baraâssi, actuel ministre de l'Electricité et candidat du parti de la Justice et de la Construction (PJC) issu des Frères musulmans, Mahmoud Jibril, ancien chef de l'exécutif du Conseil national de transition (CNT) et leader de l'Alliance des forces nationales, le parti ayant réuni 39 sièges parmi les 80 accordés par listes, Mustapha Abou Chagour, actuel vice-Premier ministre et présenté comme un proche des islamistes, Abdelhamid Naâmi, leader du Parti du centre libyen, ainsi que quatre autres candidats moins connus : Mabrouk Zouaï, Fathi Akkari, Mohamed Al Mofti et Mohamed Abou Rouin. L'issue du scrutin n'est pas évidente même si la coalition de Mahmoud Jibril est arrivée largement en tête lors du scrutin par listes. Le Conseil compte en effet 200 membres, dont 80 via les listes avec un mode de scrutin proportionnel aux plus forts restes. Selon l'universitaire et journaliste, Fatma Ghandour, «les orientations politiques des députés ayant accédé au Conseil à travers les scrutins individuels ne sont pas claires et la quasi-majorité de ces 120 membres sont concernés par ce choix indécis». Elle considère que «le vote de mercredi prochain, 12 septembre, sera le premier véritable baromètre pour voir clairement le rapport de forces entre les uns et les autres». Aussi bien la coalition de Jibril que les Frères musulmans du PJC ont multiplié les manœuvres pour les rallier. Mais, «c'est encore flou, on parle de manœuvres politico-financières. Rien n'est sûr», conclut cette ancienne opposante à El Gueddafi. Vérification Les huit candidatures sont actuellement en cours d'examen par la Haute-Commission de l'intégrité et du patriotisme. Cette dernière va vérifier que les candidats pour le poste de Premier ministre ne sont pas impliqués dans des affaires de corruption et qu'ils n'ont pas pris part dans la répression de la révolte de 2011 en Libye. Alors que la situation en Libye demeure encore largement chaotique, le prochain gouvernement aura de nombreux défis à relever : améliorer l'état de la sécurité alors que certaines milices refusent toujours de rendre les armes, mais aussi entreprendre la reconstruction de ce riche pays pétrolier qui sort d'un conflit qui a duré plusieurs mois et dont les séquelles sont encore là. Depuis la chute du régime de Mouammar El Gueddafi et l'annonce de la «libération» du pays en octobre 2011, la mission du gouvernement de transition se cantonnait à la seule gestion des affaires courantes. «La mission du prochain gouvernement qui guidera la seconde phase de la transition est d'autant plus importante que l'on va le voir à l'œuvre pour réaliser ses promesses en rapport avec les objectifs de la révolution», a indiqué l'universitaire constitutionnaliste Abdelkader Kadora. «Mais, attention, il y aura des élections au bout d'une année et une sanction des urnes est toujours possible», a-t-il averti.