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pourquoi les Frères musulmans ont échoué en Libye
Victoire de Mahmoud Jibril ou le désir des Libyens de vivre comme les Qataris et les Emiratis
Publié dans El Watan le 23 - 07 - 2012

A l'écoute des résultats des élections libyennes, plusieurs observateurs, locaux et étrangers, ont exprimé leur surprise de voir la coalition de Mahmoud Jibril l'emporter largement sur les islamistes du Parti de la justice et de la construction (PJC), bras politique du mouvement des Frères musulmans.
Tripoli (Libye)
Correspondance particulière
Pourtant, cette même surprise n'était pas de mise chez les citoyens ordinaires, convaincus de la victoire de leur «enfant prodigue», malgré le fait que, comme d'habitude, l'intelligentsia n'a pas cru en cette «évidence populaire» et s'est obstinée à pronostiquer, jusqu'à la dernière minute, la victoire de la Confrérie. Qu'est-ce qui explique donc cette exception libyenne ? Pour essayer d'expliquer ce résultat, il est utile de revenir à quelques événements marquants de la première année révolutionnaire, en commençant par les premiers jours ayant suivi la chute du régime d'El Gueddafi.
La première scène se passait fin août 2011, à la place Ettahrir (libération) de Tripoli, où la Libye fêtait son premier Aïd Al Fitr de l'après-El Gueddafi qui venait de quitter sa forteresse de Bab El Azizia. La veille de l'Aïd, les familles libyennes étaient là pour faire une double fête, celle de l'Aïd et de la chute du tyran. Hommes, femmes et enfants étaient sur cette place symbolique parsemée alors de milliers de douilles de cartouches. L'ambiance était mixte et ressemblait fortement aux airs des fêtes algériennes ou tunisiennes avec juste un brin de conservatisme dans l'habillement, sans plus.
La prière de l'Aïd, le lendemain, à cette même place et en présence de dizaines de milliers de personnes fut-elle aussi révélatrice. Le contenu du prêche a insisté sur le fait que l'islam sunnite malékite réunit tous les Libyens et qu'il n'y a pas de place aux extrémistes religieux qui essaient d'importer des lectures étrangères de l'islam. Ce ne fut pas un hasard que le jeune imam avait prôné la modération.
A première vue, il pourrait s'agir de deux scènes anodines. Qu'avaient-elles de particulier et quel rapport avec la défaite du PJC dans les élections ?Eh bien, l'analyse sociologique de la fête de la veille de l'Aïd signifie que la société libyenne est certes conservatrice, mais les Libyens veulent vivre leur vie et bénéficier de leur manne pétrolière. L'islam politique n'a pas sa place dans la société, surtout que la femme libyenne est bien présente dans la rue aux côtés de l'homme, ce qui est en contradiction avec ce que préconisaient déjà quelques figures de proue de l'islam politique.
Il y avait certes cette décision en ce moment-là du Conseil national de transition de se référer à la charia comme source de juridiction et de consacrer la polygamie. Mais ce que plusieurs observateurs étrangers ne savent pas, c'est que la charia était déjà la source de la juridiction. «Rien de neuf», n'ont donc cessé de dire les connaisseurs.
Sortie à temps
Troisième scène, en novembre 2011 à Zentane, dans les montagnes de l'Est, lors d'une rencontre de Mahmoud Jibril avec l'intelligentsia du Jebel Gharbi. Il venait de refuser de conduire le premier gouvernement de la Libye indépendante, suite à sa démission de la présidence de l'exécutif du Conseil national de transition, soit l'équivalent du Premier ministre, qu'il occupait depuis mars 2011.
A la question sur les raisons de sa quasi-démission, Jibril avait répondu qu'il n'acceptait pas un poste sans prérogatives réelles sur le terrain. Il s'est essentiellement justifié par deux questions : «Comment se fait-il que des avions qataris décollaient et atterrissaient à longueur de journée à l'aéroport de Miitigua (base militaire près de Tripoli), alors que le gouvernement n'a aucune idée sur la cargaison de ces avions ?» Et : «Comment se fait-il que des organisations internationales me présentent des cas concrets de torture en Libye sans que je puisse, moi le chef du pouvoir exécutif, donner des réponses ?»
Avant de conclure : «Est-ce un gouvernement, ça, c'est du décor !»A la question de l'inévitable accession prochaine des islamistes au pouvoir en Libye, alors que les Frères musulmans venaient de tenir leur 9e congrès à Benghazi, il avait répondu : «Non, ce n'est pas une évidence, ils sont certes les plus organisés, mais ils sont loin d'être les plus forts. Il y a toutefois le risque que ces groupes organisés confisquent la révolution. Nous allons essayer de les contrer.» C'était le 20 novembre 2011 à Zentane, au lendemain de l'arrestation de Seif Al Islam El Gueddafi. Mahmoud Jibril avait alors juste commencé son périple à travers la Libye pour constituer son alliance des forces nationales. Il avait certes de la conviction.
Mais ce n'est pas facile de réunir un pays aussi large et diversifié que la Libye, qui sortait d'une guerre avec ses blessures et déchirures. Huit mois plus tard, cette alliance a remporté haut la main les élections du Congrès national général, en obtenant 39 sièges sur les 80 attribués à la proportionnelle. Elle se prévaut également d'une cinquantaine de sièges sur les 120 attribués individuellement. Le Parti alliance de Mahmoud Jibril a recueilli près de 60% des suffrages exprimés, alors que le PJC des Frères musulmans n'a recueilli que 15% des voix et 17 sièges aux proportionnelles.
Front large
Pour mieux comprendre la victoire de Jibril, il est également utile de revenir aux propos du cheikh Béchir Al Kupti, chef de la confrérie des Frères musulmans, quant aux raisons de la déroute électorale du PJC. Cheikh Béchir a critiqué le caractère cosmopolite de l'Alliance de Jibril. «Il a rassemblé partis politiques, tribus et organisations de la société civile», lui a-t-il reproché. Or, selon lui, «la tribu doit rester à part, alors que la société civile doit servir de moyen de pression de l'extérieur de la scène politique». Et en réponse à la proposition de Jibril de constituer une large alliance nationale pour gouverner la Libye en cette phase de transition, cheikh Béchir s'est dérobé. «Il est encore tôt pour se prononcer», a-t-il dit.
Les Frères musulmans ne savent donc pas sur quel pied danser pour faire face à cette déroute inattendue. Doivent-ils être au gouvernement, comme avec Abderrahim Al Kib, ou rester dehors pour faire de l'opposition ? Ironie du sort, le mode de scrutin des proportionnelles aux plus forts reste choisi par l'instance des élections pour éviter une mainmise d'un parti (on craignait celle des Frères musulmans) sur le congrès national général qui a permis à cette formation d'obtenir 17 sièges, soit 21%, alors que leur proportion de voix ne dépassait pas les 15%. Mais pourquoi le peuple libyen les a-t-il ignorés, préférant l'Alliance de Jibril ? A travers une lecture dans les propos des Libyens, il ressort que ce qu'ils reprochent le plus au régime d'El Gueddafi, c'est que la Libye est l'un des rares pays riches au monde dont le peuple est pauvre. Pourtant, la population libyenne ne dépasse pas les sept millions, alors que les recettes pétrolières s'élèvent à plus de cinquante milliards de dollars par an.
Les Libyens aspirent à vivre à l'image des Emiratis et des Qataris. «La Libye regorge de pétrole, dispose d'un littoral s'étendant sur plus de deux mille kilomètres et de sites naturels et archéologiques impressionnants. Rien ne manque à ses villes pour devenir une plaque tournante des affaires comme Dubaï ou Doha», n'ont-ils cessé de répéter depuis la révolution.
Eternel réformateur
Mahmoud Jibril a tenté, sous El Gueddafi, de faire des réformes à la tête du bureau du développement économique national, de 2007 à fin 2010, avant qu'il ne claque la porte, constatant que «le régime ne voulait pas de ces réformes» et que c'était «peine perdue». Jibril a fait également ses preuves en dirigeant le conseil exécutif du CNT. Il a réussi à recueillir la reconnaissance du monde extérieur à la révolution libyenne et claqué la porte au bon moment, lorsqu'il a constaté que le gouvernement intérimaire n'avait pas les prérogatives requises pour s'imposer. A l'opposé de cette image de quelqu'un qui veut développer son pays, les Frères musulmans sont accusés de recevoir financements et consignes du Caire, alors que le leader du parti Al Watan, Abdelhakim Belhaj, était plutôt l'homme du Qatar.
L'avènement de Mahmoud Jibril est donc perçu comme le retour de l'enfant prodigue, celui qui pourrait réaliser les aspirations de son peuple. Egalement à l'actif de l'Alliance de Jibril, son succès dans le rassemblement de tribus, partis politiques et organisations de la société civile autour d'une plateforme de principes généraux fédérateurs. «Il s'agit de l'étape de rédaction de la Constitution qui réunit tous les Libyens avec toutes leurs différences», n'a-t-il cessé de répéter. Le leader de l'Alliance des forces nationales est conscient que les élections du Congrès national ne constituent qu'une deuxième étape de la transition, du moment que le prochain gouvernement préparera de nouvelles élections au bout d'une année en vertu des termes de la prochaine Constitution qui sera rédigée par 60 membres désignés équitablement entre l'Est, l'Ouest et le Sud. Il est par ailleurs déjà parvenu, moins d'une semaine après la déclaration des résultats, à faire signer, par les principaux partis politiques et organisations de la société civile, une plateforme de principes généraux qui éclairera la lanterne du prochain gouvernement issu de l'Assemblée élue.
Mahmoud Jibril est également parvenu à éviter le piège des débats idéologiques. Les Frères musulmans ont pourtant essayé de l'entraîner vers ce débat, qu'il a esquivé en se limitant à déclarer que «tout le peuple libyen est musulman sunnite et la charia est actuellement la source de sa Constitution». «Pourquoi devrait-on défoncer une porte ouverte ?», n'a-t-il cessé de s'interroger. Malgré des accusations de «libéralisme» et d'«islam light», Mahmoud Jibril a fait preuve d'habileté politique pour renforcer la bonne image que s'est fait de lui le peuple libyen, parvenant ainsi à se faire plébisciter lors des dernières élections.


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