Les habitants de deux immeubles vivent le calvaire. Personne ne s'en inquiète, et pas même les élus. On nous a abandonnés à notre malheur. Aucun élu ne s'est déplacé pour voir notre situation en dépit de nos multiples sollicitations. Voilà où on en est. On paye comme d'habitude les erreurs de ceux qu'on a élus. » Tels sont les propos des habitants des immeubles A1 et A2 de la cité Boukerma (Sicel) qui étaient en colère au lendemain des dernières inondations. Normal, les deux bâtiments ont été submergés par les eaux et quatre jours après, la situation dans cette cité périphérique demeure la même. «Au lendemain des inondations, nous sommes allés voir le maire, qui nous a promis de venir nous voir et de nous confectionner au moins une passerelle pour permettre aux habitants des deux immeubles de sortir sans être obligés de patauger dans les eaux. On l'a attendu quatre jours durant, et, comme il tardait à se manifester, on a fini par cotiser pour louer des engins pour nous libérer des eaux», témoigne le président de l'association de la cité. Il faut reconnaître que l'état de Sicel n'est pas fait pour attirer. C'est une cité isolée entre les rejets nauséabonds du nouvel hôpital, les restes des chantiers et les éboulements qui se dessinent sur les alentours avoisinants. On évitera cette fois d'évoquer l'amiante dont le danger couve dans ces lieux depuis plus de vingt ans. On ne parlera pas de l'insécurité qui y règne, ni de l'état de la chaussée, encore moins des défaillances de l'éclairage public. «L'APC a engagé un programme d'aménagement de la cité à coups de milliards. Pour le moment, tout ce qu'on voit, ce sont deux terrains mateco. Oui, deux terrains pour une seule cité», ironise le président de l'association du quartier. Les eaux usées menacent Normal, ce genre de terrain a tendance à foisonner un peu partout, vu que ça fait joli, c'est facile à aménager et généralement, ça rapporte gros. L'immeuble A1, qui a été le plus inondé, ne devrait pourtant pas l'être. Il vient juste d'être ceinturé, à coups de millions de dinars, par un mur en béton pour, soi-disant, le protéger. Finalement, c'est ce même mur qui a cloisonné le bâtiment et permis la stagnation des eaux. Si les averses s'étaient poursuivies, les lieux seraient devenus une véritable piscine. Tout autour, des décombres, des tas de graviers, du sable et autres détritus d'un projet d'aménagement d'une conduite des eaux pluviales qui traîne encore, longent plusieurs immeubles de la cité et aggravent la situation. « La cité Sicel n'a jamais connu ce phénomène d'inondation. C'est à partir de 1995 que les choses ont commencé à changer», explique un autre habitant. Effectivement, c'est en 1995 que la DUCH, censée veiller aux bonnes conditions d'urbanisation, décide d'ériger des logements au profit de ses travailleurs sur une …chaâba. «La chaâba servait de drain aux eaux pluviales venant des hauteurs. Elle a de tout temps existé. En 1995, et pour permettre la construction de ces logements, la DUCH a fermé l'œil sur son obstruction, pour permettre à ses employés d'élever dessus ces logements. Nous nous demandons aujourd'hui si cette même DUCH pouvait permettre une telle entrave à d'autres paisibles citoyens», enchaîne un autre habitant. Cette violation commise par un organisme public contre ses propres prérogatives n'a pas seulement constitué un risque évident d'inondation mais aussi un grave risque sur la santé des riverains. En effet, les eaux usées du nouvel hôpital ruissellent à l'air libre et se déversent sur la chaussée à l'intérieur même de la cité. «On est allés nous plaindre auprès de la direction de l'environnement. Un technicien s'était alors déplacé pour voir la situation mais, depuis, silence radio, et les eaux continuent de se déverser», rapporte un autre habitant. Le réseau d'évacuation des eaux usées de l'hôpital est complètement délaissé. Il suffit juste d'arpenter un talus sur une vingtaine de mètres pour constater que les avaloirs refoulent les eaux à l'air libre. Plus grave encore, il semblerait que ce réseau ne soit même pas raccordé, comme le soutiennent les habitants. On ne peut que les croire car ces eaux infectes finissent, à ce jour, par se répandre sur le sol. Il reste juste à espérer que la saison pluviale qui s'annonce sera clémente envers les cités de Skikda. Sinon…