Outre leur intention d'entamer une action en justice, ils demandent une commission d'enquête. Avec les inondations et le séisme, et ce, outre l'abandon total des autorités locales, les habitants de la nouvelle cité 389-Logements de Sidi-Youcef (Béni Messous) ont eu leur lot de souffrance et de dénuement. Ils sont venus de Bouzaréah et de Oued-Koriche avec le rêve de pouvoir enfin avoir un toit décent et mener une vie quelque peu respectable. Les logements ont été obtenus en septembre 2001, dans le cadre du social et de ce chapitre ils n'ont eu que le nom. Ils ont commencé par habiter ce qui n'était encore qu'un chantier dans l'espoir que les choses allaient s'améliorer au fur et à mesure. Ce n'était, en fait, que le début d'un cauchemar qui, au vu de la dégradation des lieux, n'a pu qu'empirer. En nous rendant dans cette cité, dans un état d'abandon total, nous avons du mal à croire que des gens pouvaient y vivre et accepter d'être soumis à une pareille humiliation. Leur a-t-on laissé le choix ? La carcasse de cette cité a été, selon les membres du comité de quartier, réalisée par l'entreprise nationale Sonatiba. Le reste de la réalisation a été achevé par une société privée pour remettre les appartements à leurs destinataires en septembre 2001. Tout de suite après, la cité a souffert des inondations ravageuses de novembre 2001 dont les conséquences n'ont pas manqué de laisser des traces. Un immeuble marqué à l'orange qui a fait l'objet de réfection, ou du moins de ce qui ressemble, et un appartement du rez-de-chaussée de l'immeuble mitoyen est jusqu'à présent condamné. Depuis cette catastrophe, les bâtisses, visiblement réalisées à la hâte, n'ont pas cessé de livrer leurs défauts. Le séisme du 21 mai dernier est venu à bout des dernières résistances pour démontrer à quel point la bêtise humaine peut être encore plus néfaste qu'une catastrophe naturelle. Les fissures que portent les murs et quelques piliers visibles de ces immeubles révèlent que cette localité a évité la catastrophe. C'est dire toute la fragilité de ces constructions que les locataires s'entêtent, devant l'indifférence des autorités, à dénoncer avec force. “Les services du CTC ainsi que la première brigade sont venus les mains vides pour jeter à peine un coup d'œil et déclarer qu'il n'y avait rien de grave. Nous pensons que c'est justement cette façon de ne pas accomplir sa mission où de la sous-estimer qui nous a amenés à vivre des situations dramatiques”, a déclaré le président du comité de ce quartier, allusion faite aux normes de construction qui ne sont pas respectées. “Regardez ce pilier avec seulement 4 barres de fer alors que normalement, il devrait en avoir 12 pour pouvoir soutenir un immeuble de pas moins six étages”, a-t-il insisté en montrant du doigt les traces visibles de ces constructions non finies ou mal faites. Dans les cages d'escalier dont les murs sont gravement fissurés, l'on retrouve aussi les tuyaux de gaz et les fils électriques complètement visibles, constituant un véritable danger pour les enfants. Ce sont les mêmes images sur les murs extérieurs des bâtisses où s'entremêlent les fils électriques et les tuyaux de gaz. L'on relève aussi au bas des immeubles que ce qui devait servir de locaux commerciaux, il n'est resté, après deux ans, que des piliers et quelques murs, des endroits propices à la saleté et à des réunions pas très “catholiques” de jeunes gens livrés à l'oisiveté. Les habitants de cette cité ont livré toutes leurs inquiétudes face à cette situation qui ne favorise en rien l'éducation de leurs enfants en plus de leur sécurité qui commence réellement à être menacée. Certains locataires ont pourtant sollicité l'acquisition des ces locaux, mais en vain. Sans jamais comprendre les raisons qui motivent ce refus. Mais pour les locataires de la cité des 117-Logements (constituée de 12 immeubles), la priorité aujourd'hui est ailleurs. Il y va de leur survie et de leur santé. Sous les immeubles, dans les caves qui sont, en fait, des vides-sanitaires, des eaux usées sont stagnées dégageant une forte odeur nauséabonde avec, à l'intérieur, beaucoup de détritus, notamment au niveau de l'îlot d'habitation n°4, 10,11 et 12. C'est devenu carrément un nid de rats et d'insectes, de quoi redouter de graves maladies infectieuses. Sous le bâtiment n°4, les habitants révèlent l'existence d'une source d'eau salée. Ce qui n'est pas du tout exclu au vu de l'état de la cave complètement inondée. Cela a tout l'air d'une piscine dont l'eau est nécessairement, au risque d'engloutir la bâtisse, évacuée à l'aide de moteurs dont l'essence est à la charge des locataires, selon leur affirmation. Effarant de constater un peu plus loin que certains regards d'eau usée ont été construits jusqu'à 1 mètre élevé du sol. À la lisière de l'îlot n°4, il existe une canalisation d'environ 10 mètres pouvant générer carrément un foyer épidémique. À ce propos, un écrit émanant du bureau d'hygiène communal adressé au président de l'APC de Béni Messous, atteste de la présence d'un réel danger. Les locataires font état, par ailleurs, de fuites d'eau potable aux niveaux des cages d'escalier et ce, suite aux mauvais raccordements entre la colonne montante, robinets d'arrêt et compteurs. Mais, surtout de pénétration d'eau pluviale dans les gaines d'aération des chauffe-bains. “Regardez les murs, nous sommes obligés de refaire la peinture très souvent dans l'année. Rien ne tient dans ces maisons”, a raconté une femme qui n'a pas manqué de nous montrer les dégâts à l'intérieur de son appartement. À l'extérieur de la cité, sur la route communale, la canalisation du réseau d'assainissement est également cassée. Le trou a été bouché par les habitants à l'aide d'un fût. “Ici, il y a eu beaucoup d'accidents, qu'il s'agisse de voiture ou de moto, surtout que la cité est très peu éclairée”, se sont plaints les citoyens visiblement désemparés par l'indifférence des autorités locales qui déclinent toute responsabilité envers eux. “C'est la responsabilité de l'OPGI”, leur répond-on inlassablement. “À chaque fois que nous adressons nos requêtes à une institution donnée (DUCH, OPGI, APC, etc.), elles se renvoient la balle pour nous plonger dans la confusion”, ont-ils dénoncé. Et ne sachant plus à quel saint se vouer, ils ont décidé d'ester en justice les responsables de leur calvaire, à savoir l'OPGI. “C'est tout bonnement un décalage entre ce que vous voyez ici, qui n'est qu'un semblant de cité et ce qui était prévu sur les plans”, assurent les locataires auxquels, aujourd'hui, l'OPGI réclame des arriérés de loyers exorbitants par rapport à leur niveau de vie social. “C'est complètement contradictoire que de nous aider à acquérir des logements dans le cadre du social pour nous soumettre ensuite au chantage de payer dans l'immédiat, au risque d'être expulsés”, ont déploré les locataires déçus par l'attitude des pouvoirs publics à l'égard de leur détresse. “Nous dénonçons aussi le laxisme de l'APC, qui non seulement n'a pas levé le petit doigt, mais par-dessus tout, elle refuse d'accuser réception de nos requêtes qu'on a fini par les envoyer en recommandé et qui sont d'ailleurs restées jusque-là lettre morte…” N. S.