Le Conseil aux droits de l'homme des Nations unies va prolonger la semaine prochaine le mandat de la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie et demande qu'elle soit renforcée en personnel, selon un projet de résolution rendu public hier. Cette résolution sera soumise au vote à la fin de la semaine prochaine à Genève. Le mandat de cette commission formée il y a un an et dirigée par le Brésilien Paulo Sergio Pinheiro est arrivé à expiration. Elle a rassemblé, sur la base d'un millier de témoignages recueillis dans les pays voisins de la Syrie – Damas lui refusant un accès sur son territoire – des preuves sur des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis par les forces gouvernementales et les milices pro-régime. Elle a également relevé des crimes de guerre commis par l'opposition armée, mais à une échelle beaucoup plus limitée. La commission a établi deux listes de noms de responsables ou d'unités impliqués dans ces crimes et des éléments de preuve qu'elle a remis à la Haut-commissaire aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay. Ces documents ne seront pas pour le moment rendus public et pourraient servir de premier élément de travail en cas de saisie de la Cour pénale internationale par le Conseil de sécurité. Le projet de résolution, qui fait toujours l'objet de négociations entre diplomates du Conseil, «demande au secrétaire général de l'ONU de donner des moyens supplémentaires, y compris en personnel, à la Commission d'enquête». Elle condamne à nouveau «toutes les violences, d'où qu'elles viennent, y compris les actes terroristes» et «réitère son appel aux autorités syriennes de respecter leur responsabilité de protéger la population». Une fosse commune découverte à Damas Sur le terrain, la situation s'empire de jour en jour. Hier, de nombreuses manifestations se sont déroulées comme tous les vendredis à travers la Syrie appelant à la chute du régime et à l'exécution du président Bachar Al Assad, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Dans la province de Deraa, plusieurs manifestations ont eu lieu, notamment dans les localités d'Enkhol, Kherbet-Ghazalé, Daël et Tafas, appelant également à soutenir les villes sinistrées. Les forces gouvernementales étaient déployées en force dans plusieurs quartiers de la ville de Deraa (sud), berceau de la contestation née en mars 2011. Dans la ville de Hama (centre), les manifestants dans les quartiers de Qossour et Arbaïne ont été la cible de tirs de la part des forces gouvernementales qui ont également procédé à de nombreuses arrestations. Dans le nord de la Syrie, plusieurs manifestations ont eu lieu à Alep, deuxième ville du pays, théâtre de combats depuis deux mois, notamment dans les quartiers de Fardos, Chaar, Marjé, Askar, Sakhour, Masaken Hanan et Soukkari. En outre, plusieurs personnes ont été blessées, alors que les forces gouvernementales ont ouvert le feu sur un rassemblement à Atareb, dans la région d'Alep, où les manifestants ont appelé à soutenir les villes «sinistrées», selon l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants. De son côté, l'agence de presse officielle Sana a annoncé que 25 corps, ensevelis dans une fosse commune, ont été découverts par l'armée syrienne à Damas. «Une unité de l'armée, alertée par des habitants, a découvert une fosse commune dans le quartier de Qadam, dans laquelle étaient ensevelis 25 corps», retrouvés les mains ligotées et les yeux bandés, a précisé Sana. Selon l'agence, il s'agit de personnes qui avaient été «enlevées puis tuées par les groupes terroristes armés». Les quartiers rebelles du sud de la capitale sont depuis près de deux mois le théâtre de bombardements par les troupes du régime et d'affrontements entre groupes armés et forces gouvernementales. La découverte de cette nouvelle fosse intervient alors que l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a rapporté que les violences en Syrie ont fait jeudi 225 morts, dont 140 civils, 39 rebelles et 46 soldats. Ces nouvelles victimes portent à plus de 29 000, le nombre de personnes tuées depuis la mi-mars 2011, dont la plupart sont des civils, selon l'OSDH.