La France fait de la menace terroriste dans le Sahel l'un de ses grands sujets de préoccupation en politique étrangère l Le président Hollande devait le réaffirmer hier devant la 67e Assemblée générale des Nations unies. Paris De notre correspondante La France affirme qu'elle est prête à soutenir une opération armée dans le Nord-Mali tout en déclarant que la solution à la crise au Sahel est africaine et que «rien ne pourra se faire sans ni contre l'Algérie», selon un diplomate français. Un dialogue avec Alger – qui s'oppose à toute ingérence étrangère dans la région – devrait permettre la réussite d'une telle opération, estime ce diplomate. Et de considérer qu'«une coopération très étroite avec Alger – qui a eu à faire face dans les années 1990 aux groupes terroristes dont AQMI est l'héritière – est indispensable». «Le fait qu'AQMI soit réfugiée au Nord-Mali peut donner le sentiment que les autorités algériennes soient distantes.» Mais celles-ci sont «pleinement conscientes du danger et de la menace que constitue AQMI pour la région». «Il faut qu'Alger soit un acteur important» dans la résolution de la crise malienne. Le secrétaire général de l'ONU a été saisi d'une demande officielle par les autorités maliennes de la mise sur pied d'une force africaine. Toutefois, il reste à définir les modalités de l'intervention avant le vote d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité. Le Mali et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont en effet indiqué dimanche qu'ils ont trouvé un «accord» sur les conditions de déploiement d'une force africaine au Mali, avec un QG à Bamako. «Il faut saluer l'accord que nous venons d'obtenir avec nos frères maliens. Les conditions du déploiement Aujourd'hui, on peut dire que le Mali et la Cédéao sont en phase pour des opérations de troupes sur le territoire malien», a déclaré dimanche le ministre ivoirien de la Défense, Paul Koffi Koffi aux côtés de son homologue malien, Yamoussa Camara, qui l'a confirmé. Paul Koffi Koffi venait d'être reçu par le président malien Dioncounda Traoré, en compagnie du ministre ivoirien de l'Intégration africaine, Ally Coulibaly. «Quand on parle de troupes, ce sont des troupes de la Cédéao et non étrangères. Et là, le Mali est d'accord», a ajouté le ministre ivoirien de la Défense. La France affirme qu'elle veut avoir seulement «un rôle de facilitateur» et qu'«il n'est pas question d'envoyer des troupes au sol». François Hollande et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton doivent participer aujourd'hui à un sommet qui devrait déboucher sur l'annonce d'une stratégie globale. La France se sent partie prenante dans la mesure où les groupes islamistes – AQMI, Ançar Eddine et Mujao (Mouvement pour l'unicité du djihad en Afrique de l'Ouest) menacent désormais directement les intérêts français, en Afrique et dans l'Hexagone. Un phénomène nouveau inquiète aussi les autorités françaises : le départ de djihadiste européens pour le «Malistan». «C'est une nouvelle filière : depuis quelques mois, des islamistes quittent la France ou d'autres pays européens pour rejoindre le nord du Mali, une région où est appliquée la charia, pour défendre la terre d'islam», précise un enquêteur français, cité par le Figaro (édition de lundi). «Le but est de ne pas les laisser trop longtemps dans la nature, pour éviter une nouvelle affaire Merah. Mais il est très difficile de leur mettre la main dessus, car ils jouent de la porosité des frontières dans la région et reviennent souvent par le Sénégal.» Le spécialiste n'exclut pas qu'AQMI soit désormais capable de perpétrer des attentats sur le territoire français.