Les récents affrontements entre bandes rivales ont donné une mauvaise image d'une cité qui peine à sortir de la déliquescence. Cela fait près de cinquante ans que les choses n'ont pas évolué dans certains quartiers de la proche périphérie de la ville. Elles stagnent et rien ne semble plaider pour un éventuel changement tant au niveau des mentalités qu'à celui des constructions et de ceux qui les occupent. De la dénomination coloniale de «eau potable» à la déclinaison orale transformée en Aïn Boutambel, cette cité qui compte 540 habitations et 300 baraques pour une population de 10 000 habitants est aujourd'hui plus connue sous la dénomination de Bentellis. Une cité enclavée entre deux autres non moins importantes, celles des Muriers et du Chalet des Pins. Elle est donc bien éloignée cette légende de Aïn Boutambel, car aujourd'hui l'eau est arrivée dans tous les foyers et avec elle le gaz et l'électricité. Mais ce qui cause toujours problème c'est l'état de dégradation des routes et le manque d'hygiène. «Nous ne comprenons pas pourquoi notre cité a été marginalisée durant plusieurs années, car la dernière opération d'amélioration urbaine remonte au début des années 1980; depuis nous n'avons rien vu venir», déclare un membre du comité du quartier. Ce dernier rappelle le statu quo qui règne dans cette cité depuis l'annonce du plan de modernisation de la ville et qui a abouti à l'éradication des constructions du vieux quartier de Bardo, de l'avenue de Roumanie et de Djenane Etchina. «Nous vivons dans l'expectative. Nous ne savons toujours pas si l'on va bénéficier, à l'instar des autres cités, d'une opération de recasement», poursuit notre interlocuteur. Depuis quelques mois, la cité est victime d'une mauvaise image qui ne véhicule que des choses négatives. «Les récents affrontements entre des jeunes de notre cité et de ceux des Mûriers après le décès tragique d'un des leurs ont fait couler beaucoup d'encre. Ce que les gens ignorent par contre, c'est que les efforts de médiation entrepris par des personnes sages des deux quartiers ont abouti à un apaisement de la tension qui était pourtant à son comble entre les jeunes des deux cités», nous dira Fatah, membre du comité du quartier Bentellis. Un quartier où en plus des baraques et des petites habitations entassées les unes sur les autres, nous retrouvons quelques villas d'aspect plutôt cossu, bâties sur deux, voire trois étages. Ce sont précisément ces habitations où les demandeurs de logements à louer ont le plus de chance de dégoter un minuscule F2 au milieu d'une bonne douzaine de locataires. Pour les jeunes de Bentellis, seuls existent quelques menus travaux de débrouille au niveau du stade Hamlaoui ou de la gare routière qui se trouvent juste en face de cette cité. Rabatteurs pour taxis à destination de Tunis, vendeurs de casse-croûte ou de cigarettes, taxis clandestins, gardiens de parkings, chacun de ces centaines de jeunes va tenter de gagner son pain grâce à la débrouille, mais il faut dire que ce n'est pas toujours facile.