La cité des Frères Abbès, plus connue sous la dénomination de Oued El Had, est un petit bourg niché entre deux quartiers non moins importants que sont ceux de Daksi et Sidi Mabrouk supérieur. Ses habitants y ont été parqués dans les années 1960, la plupart venus des wilayas limitrophes fuyant les séquelles de la guerre de Libération et la misère qui était le lot quotidien de milliers de déshérités à cette époque. Le quartier sera pendant de longues années marginalisé, constituant une plaie dans le paysage de la ville de Constantine, où il était peu recommandé de s'y rendre ou de s'y promener. Depuis quelques années, cependant, les choses ont bien changé. Le quartier s'affirme, en effet, comme un pôle incontournable du commerce de gros en agroalimentaire, en pièces détachées et en matériaux de construction. Mais ce qui cause toujours problème c'est l'état des routes et celui des lieux, de plus en plus dégradé. Sur le plan de l'hygiène, notamment, les riverains se plaignent du manque de propreté et de celui de tous ces « petits détails » qui font le bien-être de toute cité dite moderne. « Nous vivons pratiquement en marge de la ville de Constantine tant nous sommes ignorés par les autorités locales et nous en payons le prix fort », disent-ils. Mais en dépit de tous ces handicaps, aucun d'entre eux n'est décidé à changer de décor. Ici, disent les habitants de cette cité, tout le monde se connaît et se respecte. En plus de ces petites habitations entassées les unes sur les autres, nous retrouvons des villas d'aspect assez cossu, bâties sur deux, voire trois étages. Ce sont précisément ces habitations où les demandeurs de logements ont le plus de chance de dégoter un minuscule « F2 » au milieu d'une bonne douzaine de locataires. Pour les jeunes de Oued El Had, seuls existent quelques débouchés que leur offre le marché informel qui s'installe, chaque après-midi, à l'entrée de la cité, où se côtoient dans une anarchie indescriptible, des dizaines de vendeurs de vêtements, de produits électroménagers ou de fruits et légumes installés à même le sol ou dans des échoppes de fortune. D'autres vont tenter de gagner leur « croûte » grâce à la débrouille en vendant des cigarettes ou en déchargeant de la marchandise pour les commerçants du quartier, mais il faut avouer, nous dira l'un de ces jeunes, que ce n'est pas toujours facile.