Il faut rassembler le peuple parce qu'il est temps que le peuple se réapproprie le pouvoir.» Tel est l'appel lancé par le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabès, à ses militants et sympathisants dans la wilaya d'Alger, où il a animé, hier, son dernier meeting de campagne pour les élections locales de jeudi prochain. Après avoir sillonné plusieurs localités à travers le territoire national, le jeune leader du RCD semble vouloir transmettre aux Algérois le message de leurs concitoyens de l'intérieur du pays. Un message qui, selon lui, porte sur la nécessité d'une forte mobilisation afin de faire échouer les «plans diaboliques du régime». Un régime qui, selon Mohcine Belabès, s'investit entièrement pour «discréditer les partis politiques et surtout l'opposition». «L'abstention est le rêve de tous ceux pour qui le peuple présent dans la politique est un cauchemar. Cette élection compte parce qu'il s'agit d'élire ceux qui vont gérer notre quotidien immédiat et redonner espoir aux Algériens à travers des exemples de gestion transparente et performante. Mais aussi élire ceux avec qui nous allons nous mobiliser pour arracher plus de prérogatives pour nos maires et plus de moyens pour nos communes, parce qu'il faut plus de moyens aux élus et plus de financements aux communes», lance-t-il devant une assistance appréciable qui a occupé, l'espace d'un après-midi, la salle de cinéma Sierra Maestra d'Alger. Optimiste, le leader du RCD affirme avoir constaté «un engouement» de la population à ces élections et «surtout aux candidats du parti et son programme». «Nous disons, aujourd'hui, que pour éviter que le système n'entraîne le pays dans sa chute, il faut une implication citoyenne massive (…). Au RCD, nous savons que notre pays regorge d'énergie, de compétences, de savoir faire et de dévouement. Ils sont dans la jeunesse, dans le monde du travail, dans la femme, dans notre émigration. C'est pour cela que nous disons qu'il faut voter RCD pour imposer les priorités politiques des populations au quotidien. Une APC RCD est une commune protégée de l'arbitraire et de la voyoucratie et un exemple pour les citoyens des autres municipalités qui peuvent demander à ce que leurs droits soient aussi respectés», soutient-il. «Le pouvoir a agi sous la peur en 2011» Poursuivant, Mohcine Belabès charge le régime et celui qui le représente, en l'occurrence le président Bouteflika. Ce dernier, selon lui, assume une part importante de la détérioration de la situation socioéconomique et politique du pays. «Faut-il mettre la totalité des périls qui hypothèquent notre avenir sur le seul compte de l'actuel chef de l'Etat ? Certainement pas. Mais lui, avec l'équipe avec laquelle il sévit au plus haut niveau de l'Etat actuellement, a plus de responsabilité que d'autres, car s'il avait assumé et respecté sa fonction, il aurait pu tirer les leçons des errements précédents et mieux utiliser les moyens exceptionnels dont dispose la nation», explique-t-il. Et d'enchaîner dans le même sens : «Oui, au RCD, l'on ne s'en prend pas à la personne, mais à ce qu'elle incarne. Le chef de l'Etat incarne un monde finissant. Il est l'homme d'un système qui a conduit le pays à une régression morale et politique jamais égalée. Il est l'homme d'un ordre mondial à l'agonie. Le monde fini qu'il représente est celui des Ben Ali, El Gueddafi, Moubarak, Saleh et autres Al Assad.» L'autre élément à charge du président Bouteflika et le système qu'il incarne est l'institutionnalisation de la corruption. Dans ce sens, le premier responsable du RCD cite la reconduction dans le gouvernement «de six ministres dont les noms sont cités dans de grosses affaires de corruption». Le Parlement qui devrait être une institution qui défend l'intérêt du citoyen est transformé, dit-il encore, «un lieu où l'on engraisse la clientèle du pouvoir». Revenant sur les réformes politiques, Mohcine Belabès affirme que le «pouvoir a agi sous la peur en 2011» et «il est aujourd'hui en train de renier ses promesses». Pour appuyer ses déclarations, il cite les codes communal et de wilaya qui «privent l'élu local de toutes ses prérogatives». «Nous allons lutter pour la révision de ces lois et nous vous donnons rendez-vous dès début 2013 pour d'autres batailles, en particulier celle de la révision de la Constitution», promet-il.