Pour l'avant-dernier jour de campagne, Mohcine Belabbas a choisi deux bastions historiques du parti, Bouzeguène et Béjaïa, pour porter le message du RCD qui appelle à l'union pour la reprise du combat contre le système. Dans un meeting populaire animé à la Cinémathèque de Béjaïa, le président du RCD, Mohcine Belabbas, a appelé les citoyens à “s'unir et à reprendre le combat" pour imposer le changement dans le pays, tout en expliquant les motivations de son parti qui prendra part à l'échéance électorale du 29 novembre. Devant une foule nombreuse de militants et de sympathisants, M. Mohcine Belabbas dressera d'emblée un tableau peu reluisant sur la situation économique et sociale en Algérie. Etayant ses propos, il citera le cas de l'école, des hôpitaux, des villages qui sont sans gaz ni électricité 50 ans après l'Indépendance et la corruption qui gangrène toutes les sphères du pouvoir. Pour lui, le “pouvoir qui entretient la haine" a poussé les jeunes à risquer leur vie sur des barques. “Comment se taire ?" s'interrogera-t-il. Sur le plan diplomatique, Mohcine Belabbas a estimé que “notre diplomatie a perdu la parole et le pouvoir a fait qu'on ne s'entend pas avec tous les pays voisins". Pour le premier responsable du RCD, il s'agit aujourd'hui d'utiliser à bon escient l'argent qui n'a pas encore été dilapidé pour créer des richesses afin de construire l'avenir. Abordant le rendez-vous électoral de jeudi prochain, le président du RCD, tout en reconnaissant que l'élection intervient dans une conjoncture difficile, rappellera que si son parti n'a pas pris part aux dernières élections législatives, c'est parce “le changement ne peut provenir de l'APN". Pour M. Belabbas, la preuve en est que les multiples requêtes formulées par le parti au sein de l'hémicycle n'ont pas trouvé écho chez les tenants du pouvoir. Au niveau local cependant, la conjugaison des efforts des élus du parti et des citoyens, comme cela se faisait dans les assemblées du village autrefois, permettra d'élargir les prérogatives des élus. Revenant sur les réformes annoncées par le pouvoir, M. Belabbas dira que “cela n'a apporté aucun changement. C'est juste que les élus de la commune et de la wilaya ont moins de prérogatives". Au sujet de la révision de la Constitution, le président du RCD, tout en plaidant pour la limitation du mandat présidentiel, appellera à la mobilisation afin d'imposer la séparation des pouvoirs, la refondation de l'Etat et de l'économie, la séparation du politique de la religion et, enfin, l'officialisation de tamazight, qui, selon lui, si elle n'est pas introduite dans la prochaine Constitution, “tardera encore longtemps pour voir le jour". Dans la matinée, le chef du RCD a animé, dans la cour du centre culturel Ferrat-Ramdane de Bouzeguène, un meeting dans le cadre de sa campagne de proximité pour laquelle le parti a opté. Devant une assistance record, le président du RCD n'a pas ménagé le pouvoir qui, dit-il, “a spolié toutes les richesses du pays sans verser au peuple algérien la part qui lui revient. On se serait prémuni de la crise si tel était le cas. Le président Bouteflika, qui a verrouillé tout le champ politique et les médias lourds, ne diffère en rien des présidents du même acabit, tels Ben Ali, Moubarak ou Kadhafi. Notre combat est long pour faire aboutir nos revendications, telles la limitation du mandat présidentiel à 4 ans, l'officialisation de la langue amazighe dans la prochaine révision constitutionnelle et la réhabilitation des valeurs républicaines". Mohcine Belabbas, qui parlait en rimant ses propos dans un discours poétique, a vite fait d'accrocher un auditoire de militants qui lui est acquis et celui de diverses tendances politiques. “Cinquante ans après l'Indépendance, voyez dans quel état se retrouve le pays du colonel Mohand Oulhadj, celui qui a combattu pour l'indépendance de l'Algérie et qui s'est rendu aux frontières pour s'opposer à l'entrée du Maroc. Le gaz n'est pas encore arrivé dans les montagnes, les coupures récurrentes d'électricité, les pénuries d'eau, et chaque été on vous brûle les oliviers. Peut-on nous taire quand 75% des besoins de l'Algérie viennent de l'étranger. Le problème, c'est eux, les gens qui s'accrochent au pouvoir, qui sont les responsables." Hakim Kabir/C. Nath Oukaci