Elles sont trois étudiantes de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger à faire escale, jusqu'au 8 avril, à l'espace Noûn, pour exhiber leurs travaux, axés exclusivement sur la photographie. C'est devant un public, composé essentiellement du corps estudiantin et enseignants que le vernissage, a été étrenné, jeudi après-midi, dans la coquette galerie Noûn de Debussy. Le visiteur est invité à découvrir trois artistes, trois univers et trois techniques. Les cimaises du rez-de chaussée de la galerie sont ornées par des instantanés, signés Amina Zoubir. Cette étudiante en cinquième année de design graphique propose d'aller à la découverte de portraits, réalisés en noir et blanc. Des clichés qui ont été immortalisés lors d'un worldshop de quatre mois, l'année dernière avec le photographe américain Thomas Hartwell. Avec son boîtier, Amina a pris en photo ses grands-parents maternels et paternels. « J'ai voulu leur rendre hommage, plus particulièrement à mes grands-pères, décédés et à mes grands-mères toujours vivantes en espérant y être arrivée », confie-t-elle. Son objectif s'est attardé sur les rides, une empreinte du temps. Souriants ou affairés le plus souvent à réfléchir, ces visages transmettent en filigrane des messages, en l'occurrence une peur réelle, celle de la mort. L'utilisation de la pellicule en noir et blanc permet de donner plusieurs contrastes et de mettre en exergue certains aspects du sujet. Assila Cherfi, pour sa part, a montré huit autoportraits flous, intitulés De celle qui habite en moi, représentant une silhouette en couleur, qui n'est autre que la sienne. Le choix de travailler sur des autoportraits n'a été envisageable qu'à partir du moment où l'image obtenue n'était pas figurative. Sa démarche consiste à prendre des autoportraits dans lesquels il est « amusant que le spectateur n'identifie pas le sujet : cela dans le but de voir au-delà, de chercher dans l'inconscient, dans l'émotionnel, dans l'inexplicable ». Bref, Assila exhibe un visage bien réel mais représenté d'une manière qui ne reflète pas une image extérieure mais une image intérieure. Ibtissem Bouammar fait un zoom sur un torse et un visage humain où l'on distingue tantôt des mains entrelacées derrière le dos tantôt cachant un visage. « L'expression d'un contraste, explique-t-elle, se contente d'une opposition. Le noir et blanc s'unissent pour constituer une image double où les demi-tons prennent tout leur sens. Le contraste aboutit alors à la caricature simpliste d'une vérité. Le noir n'est pas le blanc, mais ils n'existeraient pas l'un sans l'autre. »