Des sources italiennes auraient indiqué à l'agence Reuters que Sonatrach allait se retirer du projet de gazoduc, le Galsi qui doit acheminer 8 milliards de mètres cubes de gaz de l'Algérie vers l'Italie. Dans une dépêche publiée vendredi soir, l'agence indique avoir recueilli l'information auprès de deux sources officielles. «L'Algérie dit qu'elle ne considérera pas les conditions d'investissements comme appropriées si l'Italie soutient South Stream et TAP», selon ces sources, qui ont précisé que c'est ce qui a été déclaré au président du Conseil italien, Mario Monti, lors de sa visite à Alger le 14 novembre dernier. Les sources citées semblent contredire le contenu de la déclaration finale conjointe issue de la deuxième réunion de haut niveau algéro-italienne qui s'est tenue le 14 novembre dernier à Alger et présidée par Abdelaziz Bouteflika et le président du Conseil des ministres italien, Mario Monti. Concernant le Galsi, la déclaration conjointe soulignait que «les deux parties ont pris acte avec satisfaction de l'état significatif d'avancement du projet Galsi qui marque une étape importante dans la concrétisation de ce projet hautement stratégique pour l'approvisionnement à long terme du marché italien en gaz». Le sujet du gazoduc a été abordé à plusieurs reprises par les responsables de Sonatrach ou du ministère. La dernière déclaration en date était celle du ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, lors de la conférence internationale organisée à Alger du 4 au 6 novembre dernier. «Exportateurs et importateurs devront nécessairement partager les risques et s'entendre pour son développement harmonieux. Il est à craindre à cet égard que des actions unilatérales, rompant un équilibre déjà délicat, n'entraînent des effets indésirables pour tous», avait-il déclaré à propos de l'industrie du gaz. Au mois de juillet, lors d'une conférence de presse, interrogé sur le retard du projet, le PDG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, avait indiqué que «la décision finale d'investissement est reportée au mois de novembre». Et de préciser : «Pour engager les investissements, il faut qu'ils soient rentables avec une garantie.» «Les discussions sont serrées, la partie technique a été bouclée et il reste le plan commercial», avait-il indiqué, ajoutant que «pour investir et signer des contrats, il faut que les quantités dédiées soient là et il faut qu'il n ‘y ait pas de pression sur les prix, il faut assurer des prix à long terme». Si le projet de gazoduc South Stream est concurrent, il n'exclut pas le Galsi vu la croissance de la demande en gaz en Europe. Le South Stream a été lancé en 2007 entre Gazprom et l'ENI pour une capacité de 63 milliards de mètres cubes de gaz. Un autre projet qui doit acheminer du gaz de l'Azerbaïdjan vers l'Italie par la Grèce est aussi programmé et l'Italie a exprimé son soutien au Trans Adriatic pipeline (TAP) en signant en septembre un mémorandum. La capacité du TAP est entre 10 et 20 milliards de mètres cubes. En plus des gazoducs concurrents, Sonatrach fait face à des pressions pour indexer le prix du gaz sur celui du marché spot. Et le fait qu'Edison aille à l'arbitrage international illustre l'impasse dans laquelle se trouvent les négociations sur les prix du gaz qui doit être acheminé par le Galsi. En fait, Sonatrach ne risque pas de se retirer du projet, mais faute de contrats de vente de gaz, le projet n'aura pas lieu d'être puisque la compagnie algérienne refuse d'investir sans garantie de prix. Si officiellement le projet de gazoduc n'est pas remis en cause, il reste qu'il n'est pas près d'être lancé.