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Le projet algérien Galsi remis en cause ?
Publié dans La Nouvelle République le 11 - 01 - 2012

La Russie possède un tiers des réserves mondiales de gaz conventionnel et surtout le savoir-faire technologique et managérial, contrairement à des pays comme l'Algérie, dont le coût de transfert technologique est élevé, à savoir 11, voire 12 milliards de dollars de transfert de devises en services en 2011 et 2012, contre 15 % pour l'Iran et 10 % pour le Qatar.
La Russie, l'Iran et le Qatar possèdent plus de 50 % des réserves mondiales, l'Algérie ayant un taux de 2,5 % pour 4.500 de milliards de mètres cubes gazeux, données de 2008. Dans ce cadre, il faut prendre avec une extrême précaution la déclaration du ministre de l'Energie et des Mines concernant le pétrole, qui a annoncé à la fin de décembre 2011 que 20 nouvelles découvertes ont été réalisées en 2011, dont certaines dans le nord du pays, et qu'en 2010, il y a eu 29 découvertes d'hydrocarbures dont 27 par Sonatrach. Ce ne sont que des gisements marginaux et, selon nos informations, se pose la question de leur rentabilité, parce que nous pouvons découvrir des milliers de gisements mais non rentables selon le couple coût-vecteur prix international. Si ces découvertes avaient pu reconstituer les réserves, pourquoi alors modifier la loi sur les hydrocarbures ? L'Algérie étant avant tout un pays gazier, se pose tout le problème de savoir si, face à la concurrence, notamment russe, elle a une stratégie gazière devant prendre avec sérieux la déclaration du Premier ministre russe d'accélérer la réalisation de South Stream, principal concurrent de Galsi et également de Transmed. Le marché principal étant l'Europe, l'Algérie ne va-t-elle pas perdre des parts de marché ? Comme il y aura lieu de tenir compte de la donne libyenne qui, avec des réserves de 1 500 milliards de mètres cubes gazeux non exploités, peut devenir un sérieux concurrent. La stratégie offensive de Gazprom à travers North Stream et South Stream Le 8 novembre 2011 a été inauguré en Allemagne le gazoduc North Stream, qui permet l'acheminement de gaz russe en Europe. GDF Suez a investi quelque 240 millions d'euros dans le projet et d'autres groupes y participent, notamment le géant russe Gazprom, les allemands EON et BASF et le néerlandais Gasunie. C'est un projet stratégique dont le tracé, d'une longueur de 1 224 km, doit à terme permettre de transporter 55 milliards de mètres cubes de gaz par an de Vyborg jusqu'à la ville allemande de Greifswald en traversant les eaux territoriales de la Russie, de la Finlande, de la Suède, du Danemark et de l'Allemagne. «Le volume de gaz fourni (sera) comparable à l'énergie produite par onze centrales nucléaires», a indiqué Vladimir Poutine lors de l'inauguration. La première conduite, d'une capacité de 27,5 milliards de mètres cubes, a été achevée en mai. Une deuxième est en cours de construction et doit être entièrement posée d'ici à la fin 2012, doublant la capacité de la liaison. Le vice-Premier ministre russe Igor Setchine a indiqué que le montant du projet s'élevait à 8,8 milliards d'euros en tenant compte des coûts de financement. Quant au projet South Stream, concurrent direct de l'Algérie, afin de le mettre en œuvre, le russe Gazprom et Eni ont créé en 2008 la compagnie South Stream AG. En juin 2010, ils ont signé un mémorandum visant à associer le groupe français EDF au projet. En mars 2011, Gazprom et Wintershall Holding GmbH ont signé un mémorandum d'entente sur la participation de la compagnie allemande à la construction du tronçon sous-marin du gazoduc. Tout comme North Stream, il doit permettre à la Russie de contourner l'Ukraine, principal pays de transit. A la fin de décembre 2011, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a exigé que les travaux du gazoduc South Stream, destiné à livrer du gaz russe à l'Union européenne via la mer Noire, commencent dès la fin de 2012 et non plus en 2013 comme prévu initialement dans le projet, pour se terminer en 2015. Lors de cette rencontre, le feu vert a été donné par la Turquie à la Russie pour faire passer South Stream par ses eaux territoriales en mer Noire, cette dernière ayant signé un accord avec l'Autriche sur South Stream, dernier document nécessaire pour lancer le projet. Auparavant, la Russie avait déjà signé des accords intergouvernementaux avec la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie, la Grèce, la Slovénie et la Croatie. D'une longueur de 3 600 km — la longueur du tronçon sous-marin sera d'environ 900 km et sa profondeur maximale de plus de 2 000 m —, South Stream doit alimenter en gaz russe l'Europe occidentale, notamment la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie, la Slovénie et l'Autriche, la Grèce et l'Italie via la mer Noire et les Balkans. Il doit permettre à la Russie de contourner l'Ukraine, principal pays de transit. Le groupe français Electricité de France devrait recevoir 20 % des parts du gazoduc South Stream qui acheminera environ 35 % du gaz russe destiné à l'Europe. D'une capacité de 63 milliards de mètres cubes de gaz, le tronçon sous-marin, d'un coût de 15,5 milliards d'euros, doit entrer en service en 2015. L'ensemble de ces projets remettent en cause le projet Nabucco. Il convient de rappeller qu'en décembre 2011, simultanément la Turquie et l'Azerbaïdjan annoncent la mise en place du gazoduc transanatolien qui absorbera le gaz de Shah Deniz, initialement envisagé pour Nabucco, qui est un projet de gazoduc reliant l'Iran et les pays de la Transcaucasie à l'Europe centrale. Soutenu initialement par l'Union européenne, il devait permettre, dès 2017, de diversifier les sources d'approvisionnement énergétique de l'Europe, notamment d'un pays comme la Hongrie, qui dépend à 80 % du gaz russe. D'une longueur de 3 300 km, il aurait une capacité maximale de 31 milliards de mètres cubes de gaz. Son coût, initialement prévu à 7,9 milliards d'euros, s'élèverait à 12, voire 15 milliards. Sa position au cœur de la Turquie devrait permettre au gazoduc d'être éventuellement relié, à terme, aux réseaux de transport syrien et surtout irakien. Dès lors, Nabucco est en concurrence directe avec le projet South Stream. Avec les récentes tensions avec l'Iran et comme mis en relief précédemment, la Russie et la Turquie ayant annoncé un accord sur la traversée des eaux territoriales turques par South Stream, cela rend la construction de Nabucco peu probable à moyen terme. (A suivre)

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