Une année est déjà passée depuis que nous a quittés El Hadi Khediri, l'homme qui a consacré sa vie à servir l'Algérie. Etudiant, il a abandonné ses études pour rejoindre, comme tant d'autres jeunes, les rangs de l'Armée de Libération nationale et participer à la lutte contre l'occupant. A l'indépendance, il s'engage dans l'action visant à faire de l'Algérie un pays moderne, évolué, attaché à créer les meilleures conditions pour permettre à sa population de s'éduquer, de travailler, de s'épanouir et de bénéficier du confort, du bien-être et de liberté. C'était cela l'idéal de tous ceux et de toutes celles qui ont considéré que les énormes sacrifices consentis devaient donner de tels résultats, et qu'il était de leur devoir de contribuer à leur réalisation. Dans les différentes fonctions qu'il a occupées, son souci a toujours été de travailler avec méthode, rigueur, efficacité et dévouement pour mieux servir les citoyens. En tant que directeur général adjoint, puis directeur général de la Direction générale de la Sûreté nationale, (DGSN) où il a passé la plus grande partie de sa carrière, il a veillé à bien organiser l'institution, à bien l'équiper, à donner une formation solide à ses agents. De sorte que la DGSN soit en mesure d'accomplir sa mission avec compétence et professionnalisme, en vue d'assurer effectivement l'ordre, la sécurité et la tranquillité à travers tout le territoire national. Ce sont les mêmes principes, les mêmes règles, les mêmes approches, qu'il a mises en œuvre au niveau du ministère de l'Intérieur et de celui du Transport, lorsqu'ils lui ont été confiés. Conscient que seul un développement économique et social équilibré est susceptible d'asseoir et de préserver la stabilité, la paix sociale, il ne s'est pas limité à accomplir les tâches qui étaient de son ressort. C'est pour cela qu'il a usé de son autorité, ses bonnes relations avec les responsables des secteurs pour répondre aux besoins des citoyens dans les différentes régions, en matière d'éducation, de santé, de transport, d'équipement agricole et industriel, etc. Il suivait personnellement la réalisation des projets qui ont été lancés grâce à ses interventions. Comme il a toujours considéré que les citoyens ont droit au respect, à la protection et à un traitement équitable, au niveau de tous les services de l'Etat, il a été très affecté par les événements d'Octobre 1988, et outré de voir qu'on ait utilisé les armes contre les manifestants et avoir fait ainsi un grand nombre de victimes, alors qu'en tant que ministre de l'Intérieur il avait donné comme instruction de recourir à l'apaisement et d'exclure toute forme de violence. Il a également été profondément meurtri par l'évolution de la situation dans le pays après ce triste et pénible épisode. Fidèle aux enseignements de Cheikh Larbi Tebessi, qui avait toujours prêché et soutenu le respect de l'être humain quel qu'il soit, la tolérance, l'effort continu sur soi pour devenir meilleur, la modération en toute chose, l'éducation et l'émancipation de la femme et avait combattu les superstitions, le charlatanisme et les tartufferies de tout genre, El Hadi Khediri déplorait les déformations introduites dans l'Islam, qui est conçu pour être un bienfait pour l'humanité (Rahmatoun lil alamin). Vidée en grande partie de ses principes et de ses valeurs, notre religion a été réduite à une somme d'interdits et de pratiques rétrogrades et a fini par devenir un instrument pour dresser les Algériens les uns contre les autres et pour perpétrer les tueries et les massacres dans le but (qui n'a pas heureusement été atteint) de faire de l'Algérie un second Afghanistan. Ces graves dérives et ce qu'elles ont produit l'ont douloureusement marqué. D'autre part, il n'a pas cessé, avant sa mort, de regretter la déliquescence de l'Etat, la destruction d'un patrimoine réalisé au prix d'efforts et de sacrifices considérables. L'hommage qu'on lui rend s'adresse, en fait, à tous ceux et à toutes celles qui sont vivants ou qui nous ont quittés avec le sentiment d'amertume pour n'avoir pas réussi à réaliser toutes les grandes ambitions qu'ils nourrissaient pour l'Algérie, mais avec la certitude que le peuple, qui a déclenché et mené à bien la grande Révolution de Novembre, finira par avoir le sursaut qui lui permettra de redresser la situation et de mettre le pays sur la bonne voie : celle du progrès et de la prospérité. Il reste que son décès est une grande perte pour les membres de sa famille, ses amis et tous ceux qui l'ont connu et estimé.