Cela fait maintenant plus de quarante jours depuis que nous a quittés El Hadi Khediri, un homme de bien, selon tous ceux qui l'ont con- nu. Il était toujours prêt à apporter son aide à tous ceux qui le sollicitaient. Comme il s'intéressait à tout ce qui était susceptible de faire avancer notre pays, ses interventions visaient le plus souvent le règlement des problèmes d'intérêt général. Du fait de sa disponibilité et de son amabilité, il était déjà très entouré, alors qu'il n'était qu'un jeune lycéen à Constantine où il poursuivait ses études secondaires. Très fort en mathématiques, il avait entrepris après son succès au baccalauréat, des études scientifiques qu'il a brillamment réussies, à Marseille. Mais comme tant d'autres Algériens, il décida en abandonnant ses études et rejoignant l'Armée de libération nationale de suivre ceux qui avaient opté pour «le risque et le sacrifice», selon l'expression de Mohamed Harbi, pour libérer l'Algérie. A l'indépendance, il n'aspirait qu'à contribuer à la reconstitution de l'Algérie pour qu'elle devienne un pays moderne, évolué, développé. C'est en remplissant les fonctions de chef de cabinet au ministère des Affaires étrangères, puis successivement celles de directeur général adjoint et de directeur général de la DGSN qu'il avait montré ses qualités de responsable compétent, réfléchi, agissant, avec méthode et efficacité. C'est ainsi qu'il avait contribué à moderniser la DGSN, à la doter de structures adaptées, qualifiées et bien équipées de façon à la rendre apte à assumer ses différentes missions avec professionnalisme et efficacité. C'est lui qui avait ouvert les portes de la police à l'élément féminin qu'il avait soutenu, encouragé pour progresser et occuper des postes de responsabilité. Son autorité, que ce soit en tant que directeur général de la DGSN, ministre de l'Intérieur ou ministre des Transports, il l'avait exercée à bon escient, d'une manière scrupuleuse, soucieux d'être toujours humain, juste à la fois vis-à-vis de ses collaborateurs et des populations qu'il s'attachait à servir et à protéger, considérant que c'était là sa mission principale. Du fait de son approche, claire, réaliste et modérée, des problèmes il était écouté des hauts responsables du pays. D'autre part, il savait très pertinemment que l'ordre et la sécurité ne pouvaient être établis et assurés que s'il y avait des activités pour tous, que le pays bénéficiait d'un développement économique et social équilibré et profitant d'une manière équitable à tous les habitants. C'est la raison pour laquelle, il ne cessait d'user de son autorité, ses relations, son influence pour favoriser la création d'investissements, notamment dans les régions les plus déshéritées et pour le lancement d'opérations destinées à améliorer le niveau et le sort des populations. Juste avant sa mort, il signalait avec amertume qu'une unité de tubes galvanisés, pour la création de laquelle il avait déployé beaucoup d'efforts, avait fermé ses portes parce que ses produits de qualité étaient concurrencés par de produits de bas de gamme importés. Il déplorait l'absence de normes applicables aussi bien à la production locale qu'aux produits importés pour éviter l'envahissement du marché par des marchandises de mauvaise qualité et de contrefaçon. La disparition de cet homme de bien est une grande perte pour tous ceux qui avaient de l'estime et de la considération pour lui, et plus particulièrement pour sa compagne, son amie, son épouse qui a vécu presque cinquante ans avec lui, pour lui, discrète et dévouée. B. Nouioua. Ancien gouverneur de la Banque d'Algérie