Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Amar Tou, vient confirmer enfin l'état de délabrement et le dysfonctionnement dans lesquels se trouvent les hôpitaux. Ses déclarations ce week-end, lors de sa visite au centre hospitalier spécialisé dans la rééducation fonctionnelle d'Azur plage de Zéralda, à Alger, attestent que rien n'est encore réglé dans le secteur de la santé, contrairement à ce qu'il avait déclaré, ces dernières semaines, lors de son passage au forum de l'ENTV. Rappelons que Amar Tou avait soutenu que tous les problèmes de la santé sont réglés à 90% et le 10% restant est lié au problème de l'éthique. Il vient d'annoncer, lors de la visite de jeudi, de nouvelles mesures pour « améliorer » les conditions actuelles des hôpitaux à partir de juin prochain. « Les malades ne seront plus contraints, à partir du 30 juin prochain, d'apporter les couvertures et les repas pendant leur hospitalisation », en ajoutant, dans le même contexte, que « ces objets d'usage courant favorisent la transmission des bactéries vers les hôpitaux », a déclaré le ministre, repris par l'APS. Amar Tou a indiqué que le budget affecté à l'alimentation pour 2006 a été augmenté de 35% par rapport à celui de l'exercice écoulé. Pour lui, le seul moyen d'atténuer la pression énorme qui pèse sur les hôpitaux du nord du pays, notamment à Alger, Constantine et Oran, « est l'amélioration de la qualité des services dans les régions de l'intérieur et du sud du pays ». Ce qui est effectivement incontestable, mais d'aucuns n'ignorent que les problèmes rencontrés par les malades dans les structures hospitalières ne se résument pas aux problèmes de prestations de services. Le parcours du combattant L'accès aux soins dans ces établissements publics est devenu un véritable parcours du combattant. Avant d'arriver à ramener son repas, sa couverture et son propre matelas, il va falloir d'abord décrocher une place ! Sans une connaissance au préalable auprès du personnel médical ou de l'administration, une hospitalisation est rarement possible, même lorsqu'il s'agit de maladies lourdes et nécessitant une prise en charge urgente. Les rendez-vous se fixent généralement pour des durées allant de six mois à une année. Cela pousse de nombreux malades, même à faibles revenus, à recourir aux structures privées. Le manque d'infrastructures constitue, entre autres, le nœud du problème. A cela s'ajoutent le manque de matériels médicaux, les médicaments et tout autre moyen. L'amélioration de la prise en charge des malades passe forcément par l'amélioration des conditions de travail des praticiens. Hormis leur situation socioéconomique encore précaire, ces médecins rencontrent d'énormes difficultés à accomplir leur mission. Ils sont souvent confrontés à des situations lamentables qu'ils doivent surmonter avec les moyens de bord. Amar Tou compte visiblement améliorer les conditions des hôpitaux avec le budget alloué au secteur de la santé, pour la période allant de 2005 jusqu'en 2009, qui est de l'ordre de 125 milliards de dinars. Mais comment va-t-il alors assurer le fonctionnement des 21 programmes nationaux de santé élaborés par son département prévus pour la majorité pour la même période ? Ces programmes concernent, entre autres, les maladies transmissibles et non transmissibles qui représentent un gros problème de santé publique en Algérie. Les nouvelles mesures annoncées par le ministre s'inscrivent normalement dans les principaux objectifs du système de la contractualisation. Comment peut-on procéder à la mise en application des grandes lignes du processus alors que les conditions pour sa concrétisation ne sont pas encore prêtes ? Pour ce qui est du manque de médecins spécialistes, le ministre a indiqué que « les nouveaux médecins diplômés de l'université algérienne, dont la moyenne annuelle est d'un millier de spécialistes, devront exercer pour une durée déterminée dans les régions de l'intérieur et du sud du pays », en ajoutant qu'il est de « leur devoir de porter assistance à leurs frères dans ces régions et désengorger les hôpitaux des grandes villes ». Pour cela, précise le ministre, « il faudra doter les régions du Sud de toutes les structures nécessaires afin d'aider les médecins à accomplir correctement leur mission ». Quant au manque de formation, il a affirmé que « l'Etat ne ménagera aucun effort dans ce domaine en assurant une formation pour tous les corps médicaux afin d'éviter le recours des malades aux hôpitaux français et arabes ». Il a annoncé qu'un programme spécial de formation a été lancé au profit des gynécologues au niveau de plusieurs centres de santé pour prendre connaissance des derniers développements enregistrés dans ce domaine.