Le tourisme est la veine nourricière qui permet aux habitants de Djanet de vivre. Couper cette veine, serait condamner toute une population à la misère. Relancer le tourisme dans la région équivaudrait à nourrir l'espoir chez les jeunes et les moins jeunes qui, en-dehors de ce secteur, ont du mal à trouver un emploi ou même à vivre. Il serait criminel aussi de laisser les belles étendues du Tassili méconnues. Afin de redonner espoir aux professionnels du tourisme de Djanet, le Secrétaire d'Etat au Tourisme, Mohamed Amine Hadj Saïd, a initié récemment une rencontre afin d'exposer ses attentes et ses promesses. Les représentants des 37 agences de voyages de la capitale du Tassili n'Ajjer ne se sont pas fait prier pour exposer leurs doléances. Complications des procédures consulaires pour l'octroi de visas aux étrangers, cherté du transport aérien, manque de promotion sur la destination, ce sont, entre autres, quelques-uns des principaux obstacles à la relance de l'activité touristique dans le plus beau désert du monde. «La procédure d'octroi des visas appliquée par l'Algérie est unique au monde. Elle a pour effet, avec sa lenteur et ses complications, de dissuader de nombreux touristes. Nous voulons que ces procédures soient allégées», plaident à la fois l'association des agences de voyages à Djanet ainsi que la Fédération des agences de tourisme. Le billet d'avion, qui reste hors de portée, est aussi cité par les opérateurs. «C'est carrément un frein au tourisme», disent-ils en appelant au recours aux vols charters en provenance de certaines capitales européennes, comme cela se fait ailleurs chez nos voisins. «Depuis la fermeture, en 2010, des circuits au Tassili n'Ajjer et du Hoggar, les agences vivent l'enfer. Pensons à tous ces gens dont la subsistance dépend du tourisme, chameliers, artisans, restaurateurs, en sus des opérateurs touristiques. C'est un cri de douleur que nous vous lançons, faites quelque chose», lance M. Djeribi, président du Syndicat national des agences de voyages. La décision prise par Air Algérie de diminuer de 50% le prix du billet pour les agences de voyages, à condition d'avoir un groupe de clients de 15 personnes minimum, n'est pas pour réjouir les voyagistes. «Le tourisme est aux abois et on nous demande d'avoir un minimum de 15 personnes ! De plus, pourquoi devons-nous aller jusqu'à Alger pour avoir cette réduction ? Cette centralisation dans toutes les démarches nous étouffe et nous pénalise», note un représentant des agences de voyages de Djanet, appelant à faire aussi bénéficier les habitants du Sud voulant aller au Nord de cette réduction. Même l'accès à Internet est problématique, il est carrément impossible de télécharger la liste des clients potentiels. Les propriétaires de campings et autres infrastructures d'accueil souffrent d'avoir investi sans qu'il y ait le flux touristique souhaité. «Personne n'est contre la sécurité, mais pourquoi ne pas réduire les démarches ? Quand le wali, qui est le premier magistrat de la wilaya donne son aval à une agence pour ramener des touristes, pourquoi c'est à l'agence de faire les démarches auprès de la tutelle, puis auprès du ministère des Affaires étrangères pour les visas ? Le wali est garant de la sécurité. Et puis, pourquoi avoir effacé les dettes des agriculteurs et pas celles des agences et opérateurs touristiques ? C'est un secteur qui a aussi besoin d'aide», lance, excédé, M. Djeribi. Après l'exposé des doléances, le ministre s'est dit engagé à porter au plus haut niveau leurs demandes. Concernant les mesures consulaires, le secrétaire d'Etat notera que le souci majeur de l'Etat est la sécurité, et qu'un petit incident peut produire beaucoup de préjudices pour le secteur, d'où, dit-il, la vigilance extrême des autorités. Concernant l'octroi de visas, il annoncera qu'un projet est en cours de finalisation au niveau du ministère et qui permet aux agences de voyages de se charger elles-mêmes de faire les démarches pour l'octroi des visas. Ce ne sera plus le touriste. Quant au transport aérien, le même responsable a assuré que des pourparlers sont en cours afin de réduire l'obligation de 15 clients à 10 pour l'obtention de la réduction de 50% et permettre aux touristes du Sud de venir visiter le Nord avec les mêmes tarifs préférentiels. Le ministre a, par ailleurs, souligné au sujet de l'accès à Internet qu'il est vain de faire de la promotion touristique sans l'accès à Internet. «C'est aux agences de voyages de faire la promotion de leurs propres produits touristiques, le ministère fera celle de la destination Algérie». Et d'annoncer : «L'administration prendra en charge à partir de janvier deux opérateurs pour participer à des Salons internationaux, à condition qu'ils proposent des produits touristiques». Il appellera en outre les opérateurs à proposer des formules adaptées aux jeunes, aux familles et aux couples. Il annoncera à cet effet qu'une convention sera signée entre son département et le ministère de la Jeunesse et des Sports afin de permettre au maximum de jeunes Algériens d'aller à la découverte du Grand Sud. Et d'ajouter : «Ce qui se passe à nos frontières, c'est de la géopolitique et c'est passager. On doit savoir communiquer que l'Algérie est le plus serein des pays de la région et qui affiche des lendemains très prometteurs.» Bougrari Abdelkader, président de l'Association des agences de voyages à Djanet, estime pour sa part que seule une volonté politique réelle traduite par une décision politique pourra relancer le tourisme.